1000 vents, 1000 violoncelles (nobi nobi !)

Deux enfants lient connaissance durant leur cours de violoncelle. Après avoir joué ensemble sur le chemin du retour, ils croisent un nombre incroyable de personnes portant avec eux leur violoncelle. Curieux de savoir où tous ces gens convergent, ils les suivent jusqu’à une salle de répétition où ces musiciens s’inscrivent pour préparer un concert de soutien pour la reconstruction de Kôbe suite au tremblement de terre de 1995. Bien que le jeune garçon n’ait pas directement été touché par la catastrophe, il va s’inscrire pour accompagner sa jeune amie qui, elle, semble très concernée par cet évènement.

L’auteur Hideko ISE est à la fois illustratrice de livres pour enfants, mais aussi une violoncelliste confirmée. Son amour de la musique se ressent dans l’histoire qui parlera sans aucun doute aux musiciens. Les aquarelles sont chaleureuses et légères. Malgré le coté crayonné des dessins, on sent qu’ils sont aboutis car ils traduisent une maîtrise du pinceau qui structure les images avec très peu de couleurs. Seule une page tranche avec le reste, il s’agit d’un montage où un des personnages aquarellés est intégré sur une photo en noir et blanc de la ville de Kôbe après le drame.

L’auteur était allée là-bas pour faire des croquis, mais le choc qu’elle a reçu face au désastre qui s’étalait devant ses yeux l’a complètement bloquée. Elle est finalement revenue sans le moindre dessin en poche. Sa participation au Concert des 1000 violoncelles lui a permis de surmonter ce traumatisme et de faire ensuite cet ouvrage qui raconte ce concert géant et l’émotion qu’il s’en dégageait.

Incontestablement, ce livre rayonne d’une grande sensibilité, les choses sont plus souvent évoquées que dites explicitement, mais les émotions positives où négatives sont toujours retranscrites avec une certaine pudeur.
L’éditeur nobi nobi n’a pas su comment classer une telle œuvre et l’a finalement référencée comme « hors collection ». Il est clair qu’il est particulièrement délicat de juger un tel ouvrage.

En tant que parent et musicien, le récit m’a profondément touché, mais de jeunes enfants ne sont pas forcément réceptifs à ce type de narration. Les plus jeunes trouvent que les enjeux tardent à arriver et ont parfois l’impression que la fin n’en est pas une. De plus, même si les dessins sont superbes, un enfant de 3 à 5 ans n’y trouve pas forcément d’intérêt parce que les sujets représentés (deux enfants dans un parc ou en concert) ne les interpellent pas car cela leur semble assez banal.

Au final, il s’agit donc d’un livre à réserver à des enfants plus âgés, probablement à partir de 6 ou 7 ans (en particulier s’ils sont musiciens) car si l’on prend le temps de remettre l’histoire dans son contexte et de répondre à leurs questions (séisme, en quoi le concert est un soutien, etc…), ce livre ouvre la porte vers de passionnantes discussions avec eux qui initieront leur esprit à une notion importante : celle de la solidarité avec autrui.