World of Warcraft : la bande-dessinée

Un style visuel moyen

Soyons honnête dès le début : cette série de bandes-dessinées est très difficile à jauger.
En effet, il faut bien comprendre qu’elle est traduite des comics américain qui publie un chapitre de 25 pages tous les mois. Ce rythme de parution est assez élevé et entraîne des dessins loin d’être aussi fins que ceux habituels de bandes-desinnées. Par comparaison,  en France, un tome de BD sort tous les ans. De plus, le style américain est éloigné des classiques règles de l’école franco-belge et, bien que la couverture et le packaging ressemblent à ce à quoi l’on est habitué, le style graphique est très différent.
De plus, comme pour le manga, chaque chapitre est construit dans une continuité afin de motiver le lecteur à lire la suite.

Tout ceci explique pourquoi le dessin n’est pas des plus fouillés, que les traits des personnages soient assez grossiers et que les décors de fond manquent régulièrement. Cela ne correspond pas à la qualité habituelle des BD (mais au final, cette collection n’est pas une BD mais un comics relié).
De plus, chaque album regroupe 2 comics, donc chaque tome a 2 climax et 2 “fins ouvertes”.

Pour dérouter encore plus le lecteur, le style est très variable. En effet, même si le scénariste reste le même tout au long de la parution et chaque partie possède son design propre, les personnages peuvent donc changer du tout au tout. Ce manque de cohérence visuelle peut être gênant pour reconnaître certains personnages, comme par exemple Jaina dont le visage change régulièrement. De plus, certaines blessures ou runes (en particulier sur Valeera quand elle est maudite) disparaissent sans raison.

Les lecteurs pointilleux risquent d’être déçus de certaines incohérences de l’histoire : ainsi, pourquoi Lo’gosh n’est-il pas reconnu plus tôt ? Ou pourquoi les trajets entre Kalimdor et les Royaumes de l’Est ont une durée variable ?

On regrettera également que la version française ne prenne pas en compte toutes les pages du comics américain, Soleil ayant décidé de couper certains passages. Le reste de la traduction est bonne et reprend les noms des personnages franchisés (comme dans le jeu vidéo).

Pour finir, il est étonnant de voir qu’une histoire aussi touffue ne soit pas mieux maîtrisée. C’est d’autant plus étrange quand on compare le résultat avec, par exemple, la qualité des produits de l’univers Wakfu où les auteurs réussissent à faire co exister leur affinité artistique et les règles du monde.

Une histoire bien intégrée à World of Warcraft

Heureusement, malgré un dessin assez moyen, les 4 histoires sont vraiment intéressantes car elles sont centrales dans l’univers du jeu en ligne :

• les volumes 1 à 3 racontent comment un humain amnésique découvre ses talents de combattants et devient gladiateur avant de se libérer et d’apprendre qu’il est le roi Varian d’Hurlevent
• les volumes 4 à 6 décrivent le complot d’Onyxia et comment Varian réussit à reconquérir son trône malgré les alliés de la fille d’Aile de mort.
• les volumes 7 à 9 présentent une tentative de conciliation de paix entre le roi Varian et Thrall, le chef de la Horde, alors que le culte du Marteau du Crépuscule souhaite voir ces 2 factions se battre pour affaiblir leurs adversaires.
• les volumes 10 à 12 reviennent sur la vengeance de Garonna, la naissance du fils de Medivh et la renaissance des gardiens de Tirisfal pour lutter contre Cho’gall

Les joueurs du jeu en ligne seront contents d’apprendre comment finit une série de quêtes de l’Alliance : la cargaison que le joueur poursuivait jusqu’à Theramore était le roi Varian avant qu’il ne soit amnésique. Ceci explique l’absence du roi à Hurlevent jusqu’au patch 1.9.

La partie qui interpelle le plus reste les 2 derniers cycles car ils mettent en avant Garonna et le fils qu’elle a eu avec Medivh. Cette histoire n’a jamais été traitée ailleurs. C’est une révolution qui augure beaucoup de choses par la suite car l’enfant est probablement l’être des plus puissants de Warcraft : d’un côté, fils de gardiens de Tirisfal et de l’autre, descendant orc et draenei (oui, ca fait beaucoup). Il maîtrise ainsi la magie élémentaire, les arcanes et la Lumière. Pour couronner le tout, une prophétie a annoncé son arrivée et les dieux maudits tentent de le gagner à leur cause.
Dommage qu’aucun autre produit ne continue l’histoire car le jeu World of Warcraft ne parle pas de cet enfant. Peut-être dans un prochain patch ou extension ?

Des personnages attachants

Une des caractéristiques intéressante de cette série est le rôle central de Valeera qui, au delà du fan service évident (elle se trimballe toujours à moitié vêtue), est un personnage présent dans tous les chapitres. Elle permet de mieux comprendre l’addiction à la magie des elfes de sang et comment, il est nécessaire de la combattre au jour le jour. Bien que central dans l’univers de cette race, c’est le premier produit qui met autant en avant une telle caractéristique. Valeera sera ainsi tentée par un démon et sera plusieurs fois à 2 doigts de devenir un membre de Légion Ardente. Son caractère est un peu comme celui d’un drogué en manque de sa dose.

Pour exister, le personnage est complété par Broll Mantelours (également présent dans le roman Stormrage) qui joue le rôle d’ange gardien et tente de la sauver d’elle-même en évitant qu’elle ne rechute. Son statut de père par adoption est casse-pied mais colle bien au rôle qu’il doit jouer pour aider sa protégée.

Quant à Garona, cette série de bandes-dessinées permet enfin de comprendre pourquoi elle a tué le père du roi Varian les larmes aux yeux. Ce n’est pas trop tôt  que ce passage soit enfin décrit comme Blizzard l’entend. On regrettera cependant que l’éditeur utilise cette série de comics pour “patcher” le background du personnage et expliquer sa réelle origine. Jusqu’à avant, elle était présentée comme mi orc mi humaine mais son pedigree est plus compliquée (c’est quand même bizarre de voir comment 3 races censées vivres très loin l’une de l’autre peuvent être génétiquement compatibles).

Les autres personnages sont moins bien réussis : Varian / Log’osh n’arrive pas à arracher la moindre compassion car il est plat. Son rôle de combattant invincible mais loin de sa patrie est trop classique pour être intéressant. En revanche, les chapitres où intervient son fils le prince Anduin mettent en avant le caractère décidé et positif du garçon. C’est lui le premier qui se doute que le roi d’Hurlevent n’est pas son père. Cela confirme le sentiment que l’on a eu en lisant L’effondrement, prélude au Cataclysme, le jeune prince est promis à un destin à part dans le jeu.

Quant aux méchants, ils ne sont pas des plus réussis car le manque de pages empêche leur description. Ainsi, on aurait aimé qu’Onyxia soit plus manipulatrice et intelligence. De même, Cho’gall souhaite tout détruire sans aucune subtilité. Il n’a donc aucun charisme.

Les fans apprécieront les seconds couteaux qui apparaissent régulièrement : Jaina Portvaillant, Thrall, Hammull ou Tyrande.

Conclusion : des histoires centrales à World of Warcraft

Au final, malgré des dessins assez moyens et fluctuants, on retiendra surtout que cette série de bandes-dessinées revient sur des passages clés de Warcraft, ce qui enchanteront les fans du jeu en ligne. Les autres pourront suivre mais risquent de ne avoir toutes les clés pour bien comprendre.

Anecdotes

La première partie avec Broll est intéressante car elle présente les soucis du Rêve d’Emeraude qui seront conclus dans le roman Stormrage. Elle revient également sur la corruption de la statue de Remulos et de son dragon protecteur Eranikus le consort d’Ysera.  Le chapitre où Fandral appelle le druide à Teldrassil peut être même vu comme un prélude au roman.

Après son apparition dans le comics, Valeera a fait une apparition dans le jeu vidéo : elle était assise sous une statue à Hurlevent dans les évènements avant La Colère du Roi Liche. Elle apparait également avec Broll dans la série de quête du Portail du Courroux côté Alliance. De plus, le fabricant DC Comics lui a dédié une figurine.

Quant à Cho’gall, c’est un méchant que Blizzard n’arrive pas à tuer. Il est apparu dès Warcraft 2 où il est le bras droit de Gul’dan (cf le roman Tides of Darkness). Il a survécu au comics pour devenir un des premiers boss du premier tiers de Cataclysm. Les joueurs le voient régulièrement dans les Terres du Crépuscule avant l’assaut contre lui. De même, c’est Garona qui donnera des quêtes pour combattre la secte dans la région.

Figurines tirées de la collection

L’éditeur DC Comics, également fabricant de figurine à travers la collection DC Unlimited, a sorti une gamme tirée de la bande dessinée :

• La voleuse elfe de sang Valeera Sanguinar >>
• Le druide elfe de la nuit Broll Mantelours >>
• Le gladiateur Lo’gosh >>
• La voleuse orc Garona >>
• Le paladin draenei Redresseur de torts Maraad >> (l’oncle de Garona)
• L’orc chaman Reghar Earthfury >> (chef de l’équipe des gladiateurs puis bras droit de Thrall)
• Le mage mort-vivant Meryl Felstorm >> (le gardien de Med’an)
• Le nain guerrier Thargas Anvilmar >> (le guerrier qui accueille Lo’gosh à Menethil)