Critique – 71 : Into the Fire, un film de guerre à la sauce coréenne

Oubliez le popcorn passez au kimchi est notre nouvelle rubrique dédiée aux films coréens réalisées par une de nos collaboratrices fans de films du pays au matin calme mais aux films si particuliers. 

Cette semaine, le premier film que nous présentons est 71 : Into the Fire, un film historique qui réussit à présenter la guerre de Corée avec des personnages charismatiques. Prêt à rejoindre 71 jeunes coréens qui se sont battus pour leur pays ?

Synopsis

71 : Into the Fire raconte l’histoire vraie de la bataille du collège pour filles de Pohang, qui a eu lieu le 13 août 1950, lors de la Guerre de Corée. Une terrible bataille menée pendant près de 11 heures par 71 soldats étudiants inexpérimentés luttant seuls face à un bataillon de l’armée nord-coréenne supérieur stratégiquement et en nombre.

C’était pas leur guerre colonel

La base du film vient d’une lettre qu’un des étudiants volontaires sud-coréen écrivait à sa mère pour lui chroniquer sa vie de soldat où il raconte leur résistance face aux assaillants communistes. 

Alors que le gros de l’armée est appelé en renfort sur les bords de la rivière Nakdong où se déroule une bataille de la derrière chance pour contrer l’avancée implacable de l’armée nord-coréenne, des jeunes étudiants volontaires fraîchement débarqués se retrouvent seuls pour assurer la défense de Pohang avec à leur tête un étudiant aussi peu expérimenté qu’eux et des fortes têtes pour lui compliquer la tâche déjà pas facile.

Un autre film de guerre parmi tant d’autres vous me direz ? Encore une histoire de jeunes soldats qui deviendront des hommes suite aux horreurs qu’ils auront vécus ? 71 : Into the Fire est certes un film de guerre et « d’apprentissage » mais aussi un film intelligent et bien conçu.

C’est un film de guerre beau et puissant : les scènes d’actions sont réalistes et dures, les effets spéciaux grandioses. Elles n’ont rien à envier à ceux américains surtout quand on voit le soin apporté à la photographie (qui est un peu la patte du cinéma asiatique en général), la minutie apportée à chaque séquence et les gros plans sur les acteurs qui montrent une puissance de jeu remarquable. Le réalisateur arrive à nous faire ressentir l’urgence de la situation et la tension constante qui règnent dans ce petit groupe sans oublier l’horreur de leur combat quotidien et la difficulté de leur choix.

Cependant Lee Jae Han ne fait pas de gore dans ces scènes de combats. Vous ne verrez pas de tripes à l’air ou de corps mutilés à outrance. L’horreur de cette guerre est ailleurs car 71: Into the fire n’est pas qu’un film de guerre basique.
Comment rester de marbre face à la peur, l’angoisse que ressentent ces jeunes recrues ?
Comment ne pas se mettre à la place de ce jeune leader confronté à ses lacunes ?
En effet, il n’a rien d’un héros : il n’a jamais commandé, il ne sait pas se faire respecter et devra tout apprendre sur le tas. Face à lui, il est confronté à des jeunes sans entraînement qui ont besoin d’un chef, à des fortes têtes délinquants, donc certains sont des meurtriers qui ne se sont engagés que pour tuer du communiste et qui ne reconnaissent aucun forme d’autorité. Il doit donc devenir un chef, souder ses troupes et résister aux communistes. L’alternance des scènes de combats intenses et des scènes dramatiques se fait avec brio. Les émotions, les moments de désespoirs sont poignants mais sans jamais tomber dans le mélo.

Le jeu d’acteur est irréprochable. Les 4 acteurs principaux sont tous à la hauteur de leur rôle :

•  Kim Seung Woo tout d’abord en commandant débordé qui souhaite protéger les jeunes recrues les laissant à Pohang pensant que c’est endroit plus sûr que le front.
• Le charismatique Cha Seung Won en officier de l’armée nord-coréenne, avec une volonté de fer qui ne perd pas de temps en paroles inutiles et privilégie l’action pour la cause qui lui semble juste, rôle qui lui va à merveille.
• Choi Seung Hyun en jeune étudiant propulsé chef d’unité. Les expressions de son visage nous montrent ses doutes, craintes et sa détermination à accomplir le rôle qui lui incombe et pour lequel il n’a pas été préparé. Il arrive à faire passer ses sentiments aux spectateurs de façon très convaincante.
• Et pour finir Kwon Sang Woo délinquant refusant l’autorité d’un gamin sortant de l’école est une belle tête brûlée et très charismatique en élément ingérable.

Ce film est à voir pour sa dimension historique, la guerre de Corée est peu connu dans l’hexagone, l’histoire vraie tragique dont il est tiré, le jeu d’acteur et la mise en scène formidable.

Bande-annonce

Anecdote

La sortie du film (en Corée) le 16 juin 2010 coïncide avec le 60^ème anniversaire du conflit entre les 2 Corée. Il est resté 4 semaines en tête du box-office, esprit patriotique oblige.

Contexte historique

La Guerre de Corée s’est déroulé entre 1950 et 1953 en pleine période de Guerre Froide. C’est le franchissement du 38^ème parallèle par les troupes nord-coréennes qui détermina le début du conflit.

En quelques mois seulement, l’invasion de la péninsule par l’armée communiste était quasi-totale seule une petite région près de Busan à l’extrême sud du pays était encore libre et c’est de là que s’est organisé la contre-offensive menée conjointement par l’armée sud-coréenne et les troupes américaines.

L’histoire de 71 Into the Fire se déroule juste avant le début de la contre-attaque, c’est en partie grâce à la résistance des étudiants que la riposte fut possible.