Critique de Cheval de guerre : Un cheval pour la paix
3 mois après Tintin et le secret de La Licorne, Steven Spielberg envahit de nouveau le grand écran avec le film Cheval de guerre.
Malgré un début assez lent, ce nouveau film devient brillant et très touchant au bout de 30 minutes. Prêt à vous embarquer dans la première guerre mondiale à travers les yeux d’un cheval ?
Synopsis
Dans le Devon, en Angleterre, le fermier Ted Narracott décide de dépenser une fortune sur un cheval pour qu’il travaille à sa ferme. Son fils Albert s’occupe de le dresser permettant la naissance d’un lien fort d’amitié.
Cependant, après une nuit de tempête, Ted doit vendre la bête à un soldat afin de sauver sa maison. Le nouveau propriété appartient à l’armée britannique qui s’en va au front de la première guerre mondiale.
Un cheval de guerre pour la paix
En avez-vous déjà voulu à un réalisateur pour vous faire pleurer à cause d’une histoire trop bien racontée ? Ce fut mon cas pour ce Cheval de guerre. Après un début assez léger, limite ennuyeux, le film trouve son rythme quand le cheval, Joey, part pour la première guerre mondiale.
Le ton léger est conservé pendant une partie du film mais les propos présentés deviennent de plus en plus durs et personne, même les personnages principaux, n’est épargné. En un plan, Steven Spielberg casse le début amusant du film pour rentrer dans le drame avec une séquence magnifique où il montre en parallèle un plan présentant des chevaux qui chargent avec leur cavalier et un autre montrant des chevaux seuls sans leur propriétaire.
Cheval de guerre est composé de plusieurs chapitres qui enchaînent des séquences fortes d’émotions (en particulier les charniers réguliers de chevaux) et des séquences légères (les deux frères allemands ou la jeune fille française). L’alternance plonge le spectateur dans un monde instable où le calme et la tempête se suivent sans transition. Les moments émouvants touchent d’autant plus le spectateur car il ne sait pas si l’instant d’après va se transformer en drame.
Le fil conducteur de toutes ses histoires reste le cheval Joey qui rencontre des humains et qui donne espoir aux hommes au début de Cheval de guerre mais, comme un monstre, la guerre semble détruire le cheval et casser Joey.
Les effets du film sont assurés par un montage brillant et une lumière exceptionnelle – même si celle de la séquence finale est étrange. Saluons (encore) la musique exceptionnelle de John Williams qui, à 80 ans, a écrit de magnifiques partitions qui complètent de manière parfaite l’image de Cheval de Guerre (16 morceaux, 1 heure de musique, 14 euros, lien amazon vers l’OST >> ).
Steven Spielberg nous livre donc un film très touchant. Mais, son obsession pour la guerre (la liste de Schindler ou il faut sauver le soldat Ryan pour lesquels il a obtenus un oscar) magnifie encore plus le film car Cheval de guerre sait parfaitement montrer l’évolution technologique de la guerre : au début, les soldats chargent sur des chevaux, puis vient la mitraillette, l’artillerie et les tanks avant de finir par une guerre de tranché.
Ces mutations laissent un arrière goût amer car d’animal de premier plan au début du conflit, le cheval devient un simple outil que l’on use avant de jeter (cf plus bas la partie anecdotes).
Au milieu de tout ça, on a le cheval qui ne demande rien. Certains penseront que placer un animal auquel on est obligé de s’attacher au milieu de l’horreur est le meilleur moyen de « faire pleurer dans les chaumières ». Pourtant, ce regard neutre, qui ne prend parti pour aucun parti de la guerre, met en avant que l’homme est la source de l’horreur mais également de la beauté de ce qui se passe.
En conclusion, Cheval de guerre est un film magnifique qui risque de vous vous toucher voir de vous bouleverser.
Anecdotes
Du live jeunesse au film en passant par le théâtre
Cheval de guerre est tiré d’un livre du même nom écrit par Michael Morpurgo, un auteur de livre de jeunesse très connu en Angleterre (il a même été décoré par la reine).
Après avoir donné des cours d’Anglais à Londres où il racontait à ses élèves les histoires qu’il inventait, il décida de créer une fondation dans le Devon pour les jeunes citadins afin qu’ils découvrent le monde de la ferme.
Un soir, dans un bar, il discute avec un vétéran de la guerre qui lui raconte son histoire et sa relation forte avec un cheval.
Cependant, ce n’est que plus tard que la trame se mit en place : en 1982, à sa fondation, Michael Morpurgo voit un garçon mutique raconter sa journée à un cheval. C’est à ce moment-là que l’idée du livre et son contenu se cristallisent dans son esprit.
Le lendemain, il commencera l’écriture du livre. Il fut traduit en français et il est actuellement publié par les éditions Gallimard (Grand format : 192 pages – 12,50 euros lien amazon>> ou format poche : 208 page – 6,70 euros lien amazon >>).
Mais ce n’est pas à travers le livre que Steven Spielberg à découvert l’histoire. En effet, Cheval de guerre a été adapté au théâtre et c’est à cette pièce que la productrice du film, Kathleen Kennedy, a fait découvrir à Steven Spielberg.
Contrairement à ce que laisse penser les dates de sorties des films, Steven Spielberg n’a pas tourné Tintin avant Cheval de guerre, il a profité de la durée des créations des effets spéciaux de Tintin pour s’atteler à Cheval de guerre, ce qui explique les quelques mois qui séparent les deux films.
La première guerre mondiale : terrible pour les humains et les chevaux
La première guerre mondiale a été terrible : d’après Wikipedia, il y aurait 9 millions de morts et 20 millions de blessés.
Côté cheval, on n’est pas loin de ses chiffres – même s’il est quasi impossible de connaître le nombre total de morts – mais il y aurait entre 4 et 8 millions de cheveux morts.
En Angleterre, ce fut une véritable boucherie (sans mauvais jeux de mots) : il y aurait eu 1 millions de chevaux avant le guerre mais seulement 62 000 après la guerre.
Pour les cœurs d’artichaut comme moi, sachez que (attention spoil) Joey et son maître Albert s’en sortiront mais le cheval noir ami de Joey ne s’en sortira pas (*sort son mouchoir*).