Bonolon, le gardien de la forêt (nobi nobi !)

Bonolon est un géant qui vient de Tasman, il communique avec les arbres et apparaît pour exaucer un souhait lorsque des larmes humaines atteignent les racines d’un arbre. Malgré ses grands pouvoirs magiques, Bonolon a ses limites, il ne ressuscite pas les morts, mais il sait voir les vrais besoins de ceux qu’il souhaite aider. La magie ne résout pas tout, il faut parfois simplement un peu de patience pour guider les gens afin de les aider à trouver leur propre solution au fond d’eux-mêmes.

Bonolon évoque immanquablement un croisement à mi-chemin entre Totoro et Casimir. On y retrouve le caractère doux du monstre de l’Île au enfants et le goût de la nature de la grosse bête poilue de Miyazaki. Étonnamment, cet adorable géant est née dans l’imagination de celui qui a créé Ken le survivant. Les histoires tout comme le graphisme sont aux antipodes de l’image qu’on se fait de Tetsuo HARA.

Pourtant à y regarder de près, il y a bien un point commun aux univers que cet auteur a l’habitude de créer, c’est l’omniprésence de la mort. Ici, pas de punks irradiés ou de corps démembrés, la mort vient de l’âge, la maladie ou encore du poison. Sans violence, elle est suggérée plus que montrée. On constate que seule une histoire sur les cinq de ce recueil ne voit aucun personnage mourir.

Alors qu’elle était très répandue autrefois, l’usage de la mort dans un livre pour enfant est plutôt rare de nos jours et c’est probablement un tort car le but des contes et de permettre aux enfants d’appréhender les choses de la vie dont la mort fait pourtant partie.
Dans ce livre, elle est toujours utilisée avec intelligence comme par exemple pour illustrer la transition générationnelle et appuyer ainsi la continuité. Elle sert aussi à renforcer l’émotion et les enjeux ou l’intensité d’une solitude.

De tous les livres édités par nobi nobi celui-ci est parmi les plus touchants et les plus intéressants pédagogiquement parlant. Derrière l’écrin « écolo » qui apprend aux enfants quelques principes de l’écosystème, se cache toujours une thématique plus profonde qui offre une leçon de vie sur la persévérance, le courage, la générosité désintéressée ou encore la famille.

Tetsuo HARA a inventé ce personnage lorsqu’il est devenu papa car il souhaitait pouvoir raconter ses propres histoires à ses enfants. Il ne serait pas surprenant que cette démarche soit née d’une volonté de sortir des archétypes manichéens pour offrir des histoires plus subtiles et riches en émotions.

Aujourd’hui Bonolon compte plus de 40 histoires au Japon et continue d’être édité, il a même été adapté en série télévisée. Au vu de cet ouvrage, ce succès n’est guère surprenant, et il est probable que Bonolon a tout pour séduire aussi le public hexagonal.