Critique d’Alice au pays des merveilles : un film sans magie
Alice au pays des merveilles a été un film attendu : deuxième blockbuster en 3D après Avatar cet hiver, très bon départ partout dans le monde où le film est sorti. Ayant déjà rapporté 570 millions de dollars de revenu on se doute que le film marche, mais doit-on oublier pour autant notre sens critique ?
J’attendais avec impatience la sortie du film de la rencontre entre un des meilleurs réalisateurs d’histoires magiques (Sleepy Hollow ou Big Fish) et une histoire les plus fantastiques.
Cependant, le résultat n’est pas à la hauteur de mes attentes car le film n’a ni enjeux ni magie. Pendant toute la première partie du film, les personnages qu’Alice va rencontrer vont lui dire qu’elle va battre Jabberwocky grâce à l’épée Vorpaline et elle va mettre 2h pour le faire mais sans parcours initiatique particulier.
Elle ne prendra qu’une seule fois une décision par elle même. Le reste du temps, elle suivra les directions indiquées par ses amis. Pendant toute l’histoire, le spectateur est confronté à une histoire où le personnage principal ne semble pas évoluer. Le film s’axe sur le fait qu’Alice doit décider de devenir l’héroïne qui sauvera le pays aux merveilles. mais son choix est obscure et on ne comprend pas le parcours qui lui a fait choisir cette voie.
Quant au scénario, même si on peut accepter qu’il soit sans surprise, certains détails bancals passent mal. Ainsi, la scène du thé où le chien Bayard décide de ne pas dévoiler la cachette d’Alice est contredite 5 minutes plus tard quand ce dernier mène les soldats de la Reine Rouge jusqu’au Chapelier (et donc à Alice).
De plus, certains efforts pour donner plus d’action au film sont vains, en particulier la scène de guerre finale qui montre les amis d’Alice se battre contre l’armée de la Reine Rouge (défaut que l’on retrouvait déjà dans Narnia où le réalisateur avait inventé tout le passage de la guerre qui n’était pas raconté dans le film).
Alors, est-ce que le film est mauvais ?
La réponse est non car Tim Burton étant Tim Burton, il arrive à donner un rythme au film et une forte identité visuelle qui donne un bon cachet au film.
Les personnages du pays des merveilles sont bien réussis même si je n’ai pas aimé le Chapelier et son break dance à la fin. Ainsi, le chat de Cheshire qui vole et qui disparaît est superbe, les jumeaux sont attachants, le lapin qui va chercher Alice sympathique. Les reines blanche et rouge ont également une forte présence.
Tim Burton excelle dans la réalisation des séquences loufoques (caractéristiques de son cinéma) comme la scène du thé ou le passage dans le trou. Il a particulièrement abouti la scène d’introduction car elle présente Alice et les raisons de son départ vers le pays aux merveilles de manière fluide et entraînante.
La 3D est assez intéressante pour son côté immersif. Par moment, on tique même pour éviter un objet qui file vers le spectateur.
La musique de Danny Elfman est également à mettre sur les points positifs, les morceaux qu’il a produits sont totalement en phase avec l’ambiance particulière de ce film.
Au final, Alice au pays des merveilles est un film qui se laisse voir pour son identité visuelle forte mais la narration et l’histoire ne marquera pas les esprit. Si vous voulez de la folie, de la magie ou des choses transgressives, vous serez déçu. Autant revoir le classique de Disney qui est beaucoup plus enchanteur.