Le Maître des ogres tome 1 : l’île des os

L’île des os est le premier tome de la série le maître des ogres, une bande-dessinée de Vincenzo Cucca et Michel Rodrigue éditée par le Lombard sorti en mai 2010.

Synopsis

Karl, un adolescent passionné de jeux vidéo, vit avec difficulté le remariage de son père. En effet, qui pourrait accepter une belle-mère égoïste, ayant seulement des pensées pour son mari quand il est question de son compte en banque, et une demi soeur au caractère pourri ?
Cependant, sa situation va changer le jour où sa nouvelle marâtre débranche sans ménagement le jeu du garçon car Karnos et Phaline, deux personnages du jeu vidéo, vont s’échapper de l’univers virtuel et suivre les ordres de l’adolescent devenu le maître des ogres, un puissant magicien.

Un début qui plonge le lecteur dans un autre monde

La première scène est assez déroutante. En effet, sans introduction, le lecteur voit un bateau de ce que l’on suppose être des pirates détruire une chaloupe de pêcheurs. Ensuite, l’histoire enchaîne sur une séquence subjective où un personnage principal donne des ordres à un ogre qui prend d’assaut un château fort…
Cependant, tout s’éclaire à la page 8 quand la belle-mère débranche violemment la console car le lecteur retourne dans un monde contemporain qu’il connaît bien. Cette première partie n’était que les aventures de Karl dans un jeu vidéo. Pour la défense du lecteur, le jeu vidéo de Karl ne place pas le joueur comme héros de l’histoire mais en tant que son lieutenant  lui conseillant des actions. Ce n’est pas courant dans les jeux vidéo puisque le joueur devient souvent le personnage principal. Cependant, à l’arrivée des ogres dans le monde réel, la raison est évidente car ces protagonistes auront leur propre vie et histoire .
Bien que déstabilisant, ce passage place le lecteur dans une situation où le monde virtuel semble plus réel que le monde contemporain. Cette construction colle parfaitement aux propos du scénario qui verra quelques pages plus loin Karl passer dans le monde fictif. De plus, ce découpage a l’avantage de ne pas perdre du temps à décrire ces personnages virtuels quand ils prendront corps dans le monde réel car ils ont été déjà introduits avant.

Une histoire assez classique avec des personnages amusants

L’histoire est assez prévisible : le héros, devenu une sorte de Cendrillon des temps modernes (pour aider la personnification du lecteur ?) qui rencontrera ses fées sous forme de personnages de jeux vidéo qui l’emmèneront dans le monde virtuel dans lequel il sauvera une princesse (en attendant le monde dans les tomes suivants ? ) tout en se battant contre des méchants  pas gentils.

Cependant, le lecteur sera étonné de l’importance de la soeur dans l’histoire et comprendra sur la fin le rôle assez important qu’elle aura à jouer.
De plus, l’interaction entre les personnages virtuels et le monde réel est assez croustillant donnant des séquences assez drôle (ah, pauvres poissons). Les lecteurs de bande-dessinée se rapelleront les moments réussis de Lanfeust de Troy où Karnos aurait le rôle du troll Hébus ne pensant qu’à manger et qu’à tapper.
La grande force de ce premier tome est l’alchimie entre Karl, Karnos et sa fille Phélipe. Leur relation donne le punch à l’histoire et la rend plus vivante. le lecteur se verra apprécier les trois personnages sans comprendre trop pourquoi car ils sont assez habituels, 

Mais sans réelle surprise

En lisant ce qui précèdre, vous aurez compris le gros soucis de l’histoire : son scénario avec une absence de surprise à part les premières pages et le twist final.
Le scénario avance de manière prévisible vers une direction attendue. Le malaise grandit avec le passage du magasin du jeu vidéo où le lecteur comprend l’existence d’une conspiration qui expliquerait le monde parallèle. Sans réellement savoir où se dirige cette piste, on a déjà l’impression d’avoir pris ce chemin. Dommage.
De même, inutile d’attendre longtemps : Karl va sauver le monde virtuel, le monde réel et se tapper la fille l’ogre (sérieusement, pour quelle autre raison un monstre vert aurait eu une fille aussi bien foutue ?)
Espérons que les péripéties en valleront le coup et pourquoi pas ne pas avoir une grosse surprise à la fin de l’histoire comme Arleston l’a fait pour Lanfeust ?

Des dessins cartoons

Côté visuel, la bande-dessinée est une belle réussite. Les dessins sont fouillés mais pas trop pour donner un ton “cartoon” à l’histoire. Le côté dessin animé est accentué par une mise en couleur pimpante.
Les auteurs ont eu la bonne idée d’arrondir les angles des cases quand Karl joue, permettant une meilleure compréhension de l’histoire.
Le character design est un vrai succès : chaque protagoniste a un style marqué permettant de bien différencier chaque personnage. La fille de l’ogre est clairement définie pour attirer le lectorat masculin par son physique  fort agréable qui détonne avec son père. Est-ce vraiment un défaut ?
Les angles choisis mettent en lumière l’action permettant un suivi clair des rebondissements.
Pour finir, le découpage est un mélange de classicisme (chaque case est bien encadrée) et de nouveautés (certaines cases prennent la moitié de la page).

Pour conclure

Malgré une histoire assez prévisible, ce premier tome du maître des ogres réserve quelques bonnes surprises qui sauront tenir le lecteur en haleine. Vu la conclusion du volume, il reste l’espoir du développement  plus original dans les autres tomes.
Scénario : Michel Rodrigue
Dessin : Vincenzo Cucca
Nombre de pages : 48
Prix conseillé : 9,95 euros
Lien amazon : Le maître des ogres, Tome 1 : L’île des os

Le tome 2 devrait sortir fin Janvier 2011 (mais est commandable dès maintenant sur Internet : Maitre des Ogres (le) Reveil des Clans)

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