T23 : Obélix et compagnie (Astérix)

T23 : Obélix et compagnie couverture

Obélix et Compagnie est le vingt-troisième album de la série de bande dessinée Astérix le Gaulois de René Goscinny (scénario) et Albert Uderzo (dessin), pré-publié en 1976 dans l’hebdomadaire Le Nouvel Observateur puis édité en album à 1 300 000 exemplaires en 1976.

Rome ne sait plus comment résoudre le problème du village d’Astérix, mais Caius Saugrenus, un Nearque (genre d’Enarque), pense avoir trouvé le moyen de corrompre les gaulois. On ne peut pas les acheter au sens propre, mais on peut créer le terreau fertile au développement de l’activité économique du village pour les pousser à utiliser leur temps à travailler pour produire au lieu de se battre.

Pour arriver à ses fins, Caius Saugrenus a trouvé le pigeon de rêve en la personne d’Obélix qui n’a pas la finesse suffisante pour comprendre qu’il est manipulé. Saugrenus commence par acheter un menhir, puis deux, puis tout ce qu’Obélix sera capable de produire. A chaque visite, il prend le temps d’expliquer quelques bases de l’économie de marché à son fournisseur pour que ce dernier transforme progressivement l’économie du village en une industrie du menhir subventionnée par les achats de Rome. Mais cette dépendance à aussi un prix, qui ne se compte pas en sesterces…
 

Autant être direct : cet album est une petite merveille, même s’il est, à mon sens, inaccessible aux enfants. Il y a beaucoup de concepts liés à l’économie qui risquent de perdre rapidement un jeune lecteur (je sais de quoi je parle, je l’ai lu petit). Mais pour un adulte, c’est une des meilleures façons que je connaisse de faire comprendre simplement l’économie et le marketing à un néophyte.

Les auteurs se sont surpassés pour traiter avec humour un sujet complexe et pas franchement avenant au premier abord. Les gaulois montrent comme dans La Zizanie ou Le domaine des Dieux que, malgré la potion magique qui rend invincible, ce sont des êtres en proie à leurs faiblesses humaines et à des sentiments peu reluisants comme la jalousie, l’ambition, l’envie…
Seul Astérix et Panoramix semblent avoir assez de maturité pour résister à ces faiblesses et voir les choses au-delà des apparences.

Comme l’action se passe intégralement dans le village d’Astérix, c’est l’occasion pour nous d’apprécier et de connaître un peu plus ses habitants en découvrant comment le bel équilibre qui existe entre eux est fragile et peut facilement être rompu.

 

Anecdotes et infos complémentaires

Histoire complète

 



Anecdotes et infos complémentaires

Voici quelques informations pour vous aider à apprécier les subtilités de cet album.



Humour décrypté

  • Planche 8 case 7 : Caius Saugrenus, qui sort de la « Nouvelle Ecole d’Affranchis », est une caricature des Enarques, souvent accusés de tous les maux en France. Uderzo lui a d’ailleurs donné les traits de Jacques Chirac (promotion Vauban) alors jeune premier ministre de la France.

Analyse économique

Cette bande dessinée est parfois utilisée comme étude de cas (simplifiée) en classe d’économie de premier cycle, pour son analyse de l’intervention de l’État, et la dénonciation des économies « mono-produit ». L’album présente avec adresse les avantages et les désavantages de l’intervention de l’État dans l’économie. Par le biais de la commande de menhirs, l’ensemble de l’activité du village est stimulé. On observe la description de nombreux phénomènes économiques.
 

  • Les commandes initiales de l’État, provoquent l’emploi d’Obélix, puis de ses chasseurs et de la femme d’Agecanonix…
  • Le menhir, objet inutile par excellence (« de nos jours, personne n’essaierait de vendre quelque chose de complètement inutile ») n’a pas de prix, (« Ça coûte combien ? – Ben je ne sais pas… »). Mais Saugrenus va arbitrairement lui en donner un, qui va de plus monter rapidement. Voyant les profits réalisés par Obélix, de nombreux habitants du village vont abandonner leurs productions respectives et utiles (poissonnerie, forge, etc.) afin de se consacrer au menhir, secteur dont l’avenir n’est qu’une illusion entretenue par l’État et qui n’apporte rien à la société. Les économies de nombreux pays font de même (Égypte, Rome, Grèce, Phénicie…). De fait, de nombreux libéraux estiment que toute intervention de l’État, parce qu’elle modifie artificiellement la pertinence des prix, détourne les facteurs de production de leur allocation optimale.
  • A Rome, le besoin se fait sentir de vendre des menhirs. Ici rentre en jeu le marketing, présenté comme une méthode scientifique pouvant faire vendre n’importe quoi, notamment sur la base de lois sociales comme le snob effect (ce qui rend jaloux les voisins). Le tout sans négliger les produits dérivés.
  • L’échec final de cette stratégie marketing provoque la ruine de l’État (César en l’occurrence). Saugrenus tente donc de mettre fin aux aides accordées à l’industrie du menhir. Le résultat est la grande bagarre finale. Ainsi en économie la loi de Adolph Wagner explique que l’État ne peut revenir sur les aides qu’il a accordées, souvent considérées comme des acquis sociaux, sans provoquer la colère de la rue.
  • A Rome, César se résigne à dévaluer le Sesterce afin de limiter les dettes de l’État, contractées suite à la grande crise du menhir. L’inflation est souvent vue par les libéraux comme l’aboutissement essentiel des politiques de relance de l’État.

D’un point de vue plus général, l’album se montre critique vis-à-vis du keynésianisme, et du capitalisme dans son ensemble, illustrant le « désenchantement du monde » (Max Weber) qu’ils provoquent. Cette analyse , plus anarchiste ou libertaire , y verrait une vive critique de la monnaie et de l’argent comme organisation sociale (Mauss).
 

Source

Wikipédia (fr) : http://fr.wikipedia.org/wiki/Ob%C3%A9lix_et_Compagnie

 



Histoire complète

Rome ne sait plus comment résoudre le problème du village d’Astérix, mais Caius Saugrenus, un Nearque (genre d’Enarque), pense avoir trouvé le moyen de corrompre les gaulois. On ne peut pas les acheter au sens propre, mais on peut créer le terreau fertile au développement de l’activité économique du village pour les pousser à utiliser leur temps à travailler pour produire au lieu de se battre.

Pour arriver à ses fins, Caius Saugrenus a trouvé le pigeon de rêve en la personne d’Obélix qui n’a pas la finesse suffisante pour comprendre qu’il est manipulé. Saugrenus commence par acheter un menhir, puis deux, puis tout ce qu’Obélix sera capable de produire. A chaque visite, il prend le temps d’expliquer quelques bases de l’économie de marché à son fournisseur pour que ce dernier transforme progressivement l’économie du village en une industrie du menhir subventionnée par les achats de Rome.


(Attention la suite révèle des moments clés de l’intrigue.)

Obélix finit par avoir trop de travail pour prendre le temps de chasser lui-même. Il embauche donc un chasseur qui lui ramène des sangliers. Puis il embauche des employés pour l’aider à tailler des menhirs. Saugrenus lui conseil d’améliorer sa logistique et sa garde-robe. La femme d’Agecanonix est donc embauchée comme couturière et il commence à payer un livreur à char pour optimiser le transport.

L’économie du village est chamboulée, tout comme la bonne humeur des villageois. En effet Agecanonix se fait réprimander par sa femme qui est obligée de travailler elle-même pour se payer des vêtements, la femme d’Ordralfabétix fait de même, et pour couronner le tout, les chasseurs d’Obélix veulent se réserver les sangliers de la forêt et menacent Astérix s’il touchent aux sangliers.
Cette situation a dépassé les bornes. Astérix décide d’agir en utilisant la jalousie des autres villageois. Il leurs suggère de faire eux aussi des menhirs. Et bientôt, du poissonnier au maréchal ferrant, tout le village est occupé à faire des menhirs ou à chasser pour nourrir les tailleurs de menhirs.

Cette augmentation brutale de la production pose deux problèmes à César : le stockage de tous ces menhirs inutiles et surtout leur coût exorbitant. Saugrenus pense avoir trouvé une solution pour résoudre les deux problèmes à la fois : le marketing.
Il compte créer artificiellement une demande en menhir grâce à la publicité. Comme cela, il pourra vendre ses menhirs aux romains, ce qui videra le stock et remplira les caisses de l’état avec une confortable plus-value. Il a même prévu de faire des produits dérivés pour augmenter encore plus les rentrées d’argent.

Son idée fonctionne bien au début et les menhirs gaulois se vendent bien. Mais voyant qu’il existe un marché, les producteurs romains commencent eux aussi à faire des menhirs ce qui ne tardera pas à saturer le marcher entraînant la baisse des prix unitaires. Du coup César se retrouve avec des caisses vides et des stocks invendables. Il ordonne à Saugrenus de retourner en Gaule pour arrêter d’urgence les achats de menhirs gaulois.

Bien entendu, l’arrêt brutal des achats enraye toute l’économie du village qui était basée sur une mono activité. Les tensions qui en résultent poussent les gaulois à se bagarrer jusqu’à ce que Astérix canalise leurs rancœurs en direction des romains en leurs rappelant que cette situation est leur faute.

Les habitants attaquent alors le camp de Babaorum pour donner une bonne leçon aux romains. Bien entendu, après s’être défoulé, ils vont tous oublier leurs petits différents autour d’un grand banquet.

 

Galerie

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