Ultramarines – le film (Warhammer 40.000)

Ultramarines est film réalisé par Martyn Pick dont l’histoire est basée sur l’univers du jeu Warhammer 40.000 de Game Workshop. Si ce film en images de synthèse est sorti directement en DVD, c’est parce que ses chances de séduire un public large sont extrêmement faibles, il est évident que le film cible un marché de niche, celui des joueurs qui connaissent bien l’univers du jeu de plateau (ou éventuellement du jeu vidéo).

Synopsis

Au 41ème Millénaire,  la race humaine doit faire face à de multiples menaces extraterrestres, mais aussi contre un danger tout aussi grand : la Corruption du Chaos. Agissant comme un virus, le Chaos transforme les plus fidèles guerriers de l’Empereur en des démons à la solde de ennemis. La corruption du Chaos pervertit leur âme, mais aussi leur corps qui n’a plus grand-chose d’humain.

Parmi ces protecteurs de l’humanité, les Space Marines sont le fer de lance de l’Empereur. Ce sont des guerriers génétiquement modifiés disposant d’exoarmures les rendant particulièrement redoutables. Mais les plus efficaces d’entre eux sont probablement le Chapitre des Ultramarines dont une escouade va justement être envoyée sur une planète nommée Mithron pour comprendre pourquoi une balise de détresse Imperial Fists a été activée il y a trois semaines et surtout pourquoi à part ce signal, il est impossible d’avoir un contact direct avec les Space Marines en poste là-bas. Mais cette mission s’avère délicate car la plupart des membres de l’expédition de secours sont de jeunes recrues dont la vaillance et la fiabilité restent encore à prouver.

Critique

Cohérence de l’univers

En confiant le scénario à Dan Abnett qui a avait déjà écrit de nombreuses œuvres (BD et livres) sur Warhammer 40.000, les producteurs ont voulu mettre toutes les chances de leur côté pour être sûr que l’univers reste cohérent par rapport au jeu.
Les fans retrouveront donc dans ce film tous les éléments qui leurs sont familiers que ce soit au niveau des armes ou de la situation géopolitique. Malheureusement, un film ne se limite pas à son environnement et Dan Abnett a commis la même erreur que dans les BD qu’il avait scénarisées (voir La croisade des damnés et La bataille de Carrion Gulf) : c’est mou et on n’arrive pas à avoir la moindre empathie pour les personnages.

Narration

Même si on sait que les Space Marines sont des fanatiques endoctrinés, cet aspect est rabâché sans la moindre finesse. A part l’apothicaire qui fait marcher son bon sens de temps en temps, les autres personnages manquent cruellement de crédibilité. Difficile d’éprouver de la sympathie pour ces guerriers tant ils agissent bêtement. En effet, lorsque leur malheureuse escouade de 12 personnes découvre qu’une armée de plus de 100 soldats retranchés dans un temple s’est faite éradiquée, ils préfèrent avancer à découvert au lieu d’appeler des renforts ou de rebrousser chemin.

Ils ne prennent même pas la peine de renvoyer quelqu’un dans une zone où les communications passent afin de prévenir leur hiérarchie pour qu’elle sache au moins à quoi s’attendre si aucun d’eux ne revient vivant.
Bien qu’on comprenne que leur fanatisme les rend un peu téméraires, il ne faut pas oublier que même dans de le jeu de plateau, les personnages ne sont pas complètement stupides, ni privés de toute peur, faut-il rappeler que « la déroute » peut arriver lorsqu’une escouade perd un certain nombre de membres (c’est-à-dire que les membres survivants s’enfuient et quittent le champ de bataille).

Le pire c’est qu’au vu du massacre méthodique qui a été fait par les guerriers du chaos, même un enfant peut comprendre qu’il n’y a plus personne à sauver. Pourtant lorsque l’escouade trouve deux survivants miraculeux qui ne peuvent pas expliquer comment ils ont pu échapper au massacre, ils se posent à peine la question de savoir si ce n’est pas une ânerie de les ramener avec eux. Visiblement les Ultramarines ont un cerveau livré en option.

Pour ne rien arranger, le scénario est prévisible et tissé de fils blancs. Le rythme est mou à en mourir, l’exemple le plus révélateur est le premier coup de feux qui est tiré au bout de 27 longues minutes de film, ce qui est un peu tard pour un film de guerre.
Les combats sont décevants, quelques corps à corps parsèment le film, mais aucune bataille digne de ce nom. Seulement trois types d’ennemis apparaissent et sur les trois engins visibles, seul le Land Speeder sera impliqué, les autres vaisseaux ne servant qu’au transport. Ceux qui s’attendent à voir un affrontement avec des centaines d’individus et des machines risquent de rester sur leur faim.

Graphisme

La modélisation est bonne, mais l’animation en 3D est très inégale, les flux de particules (fumée, nuage de poussière, réacteur) sont fluides mais contrastent avec l’animation des individus qui manque complètement de crédibilité. La motion capture a été utilisée en oubliant que les personnages sont coincés dans des armures lourde et que cela devrait impacter beaucoup plus leur manière de bouger. Lorsque l’un d’eux brandit un immense marteau de guerre au début du film, on ne sent pas du tout le poids de l’objet.

Les cadrages et l’usage de la focale sont particulièrement mal maîtrisés nous donnant souvent l’impression qu’on est en train de regarder des figurines miniatures et non des individus sensés être plus grands qu’un humain normal, l’immersion en pâtit beaucoup.
Pour finir, le rendu des matières et l’animation sont très en dessous des standards actuels du cinéma et même des jeux vidéo. Dans le même registre (SF avec exoarmures), les vidéos du jeu Starcraft 2 sont beaucoup mieux réalisées à la fois dans le rendu de la 3D, mais surtout dans les mouvements des personnages en particulier les visages qui sont bien plus expressifs.

Conclusion

Il est évident que ce film ne pourra jamais accrocher une personne non initié à Warhammer 40K tant la débauche de références et termes techniques finissent par noyer le spectateur. N’espérez donc pas le partager le visionnage avec votre conjoint, c’est peine perdue. Quant aux fans, si ils ne sont pas trop regardant sur les lourdeurs de la narration et la vacuité du scénario, ils arriveront peut-être à tenir les 76 minutes du film sans que l’ennuie finissent par les faire sombrer dans les bras de Morphée comme un Space Marine sombre dans la Corruption du Chaos.

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