Wakfu nébuleuse – L’île de Lorose
L’histoire raconte la rencontre improbable entre des personnes qui sont rejetées par leur famille ou clan à cause de leurs « différences » (ou plutôt leurs défauts). Les circonstances vont les amener à s’unir pour chercher l’île de Lorose qui, d’après la légende, est déserte et oubliée de tous. Ils espèrent ainsi prendre un nouveau départ loin du regard réprobateur de la société qui les a rejetés.
Critique
La description de l’histoire peut donner l’impression que cette BD joue sur la corde du politiquement correct avec en toile de fond une morale plaidant pour la tolérance. Cependant, c’est plutôt l’inverse qui se produit. En effet, le vocabulaire comme l’histoire se veulent provocants et décalés.
Les gentils pleins de bons sentiments se font trucider même après avoir aidé les héros. Cet album joue sur le registre de l’humour cynique et il est clairement destiné à un public beaucoup plus âgé que celui de la série TV Wakfu dont il se veut être le prolongement de l’univers.
Au début du livre un petit texte nous explique que ce tome introduit la collection Wakfu Nébuleuse qui donne « carte blanche aux auteurs pour livrer une vision décalée et adulte de l’univers de Wakfu ». Sur ce point précis, nul doute que l’auteur Toshy (Saturax) a rempli le cahier des charges, en revanche pour le reste, cela laisse un arrière goût d’inachevé.
L’auteur nous avertit au début avec un dessin d’un moustique qui nous dit d’entrée de jeu « Je vous prévient la fin est naze » (voir image). Au moins c’est tout à fait honnête de sa part, dommage qu’il n’ait pas poussé la franchise plus loin en disant aussi que le début et le milieu ne valent guère mieux.
Passons la problématique du graphisme en lui-même qui est assez moyen. Le vrai problème de cette BD, n’est ni la violence, ni la vulgarité, mais l’incapacité de l’auteur à y insuffler une âme. On sent le « one shot » fait pour s’éclater sans trop se préoccuper d’apporter quoi que ce soit à l’univers ou au lecteur. Les enjeux tardent à venir et, à part le chien spectre, aucune empathie n’arrive réellement à naître envers les « héros » du groupe.
Alors que le graphisme est très contrasté, les personnages du groupe ne le sont justement pas. D’une certaine manière ils se ressemblent tous, ils sont aussi navrants que paumés. La narration manque aussi de contraste et de variété, la plupart des touches d’humour sont basées sur le fait que le iop dégénéré tape souvent aussi bien sur les gentils que les méchants. Ça fait sourire au début, mais après ça sent vite le gag réchauffé sans aucune finesse.
Plus problématique encore, le livre ne se suffit pas à lui-même. En effet pour comprendre certaines touches d’humour, il faut avoir une bonne connaissance de l’univers de Dofus ou de Wakfu. Tout le monde n’est pas censée savoir qu’une sadida est végétarienne, un énutrof vénal, ou qu’un sacrieur aime le sang, etc… Du coup, lorsque qu’on n’est pas familier de cet univers et que l’auteur prend le contre-pied de chacun de ces clichés, les gags ne fonctionnent malheureusement pas aussi bien.
Ce livre date du octobre 2010 et depuis aucune autre BD n’est venue étoffer cette collection, il est possible qu’elle ait été abandonnée, ce qui ne serait pas étonnant car elle souffre clairement d’un problème de positionnement : elle s’adresse aux adultes alors qu’elle veut surfer sur le succès de la série Wakfu qui pourtant s’adresse aux enfants.
De plus, à part l’humour, il ne se dégage rien de ce qui fait le charme de la série : ni le côté épique, ni l’évasion, ni l’aventure. L’auteur joue sur le succès de la série Wakfu sans rien apporter à l’univers qu’il utilise. Au final, cela ressemble à de la BD fast food que l’on consomme à la va vite puis qu’on oublie aussitôt.
Premières planches
Retrouvez les huit premières pages de cette BD, cliquez dessus pour les voir en grand.