Tome 51 : Alerte aux Zorkons (Spirou et Fantasio)
Spirou et Fantasio partent à la rescousse du comte de Champignac qui se retrouve coincé dans une forêt géante dont la faune et la flore semble tout droit sortie d’un film d’horreur. Ce phénomène n’est évidement pas naturel, il s’avère que Zorglub a repris du service, la vraie question est de savoir ce qu’il avait derrière la tête en créant cette forêt démoniaque. Malheureusement le temps presse car les militaires ont en tête de résoudre le problème à leur manière, d’une façon à la fois radicale et radiocactive.
Critique
L’histoire est dans la lignée des Spirou, on retrouve ce qui fait le charme de cette série : de l’aventure, de l’action et de l’humour, un fan ne peut être que comblé par cet album. Mais ce qui fait que cet album se détache du lot est la sensation de retrouver un peu de l’âme de Franquin. Cet auteur, n’a pas inventé le personnage de Spirou, mais c’est sans doute celui qui a insufflé à la série cette âme si particulière qui en a fait un succès qui a marqué plusieurs générations.
Les hommages à cet auteur se retrouvent à plusieurs niveaux (voir anecdotes). Le dessinateur Yoann a su rendre hommage cet auteur tout en gardant son identité graphique propre. Les clins d’œils sont visibles à travers le style et les expressions, mais aussi à travers des détails comme le Marsupilami en plastique qui trône discrètement sur le tableau de bord de la camionnette.
Mais le vrai coup de cœur qui touchera les fans de Franquin est le fait que Spirou retrouve le durant tout l’album son mythique costume de groom qui lui donnait autrefois cette identité graphique si particulière.
Ce qui est appréciable, c’est que le scénariste Fabien Vethmann a su amener ce changement de vêtement avec beaucoup d’intelligence pour que cela semble aussi crédible que naturel. Il a su aussi jouer avec finesse et second degré sur les réactions que génère cet accoutrement.
Au final, cet album comblera sans peine les fans de l’ancienne comme de la nouvelle génération.
Premières planches
Voici les 4 premières planches du tome 51 de Spirou et Fantasio, cliquez dessus pour les voir en grand, la résolution est suffisante pour pouvoir les lire.
Résumé
Quarantaine
Spirou et Fantasio ont reçu un appel inquiétant du comte de Champignac. Arrivés aux abords du village, ils sont bloqués par l’armée qui a mis cette zone en quarantaine et a évacué les habitants pour les décontaminer.
Voulant connaître la nature du problème, Spirou et Fantasio parviennent à entrer en douce et découvrent une étonnante forêt dont la végétation a pris des proportions gigantesques est dont la faune est devenue particulièrement hostile.
Ils finissent par atteindre le village de Champignac-en-Cambrousse qui a été très endommagé par la végétation. Seul le Père Raymond est resté car il s’est très bien adapté à cette nouvelle vie en inventant de nouvelles recettes à partir des monstres qu’il capture. Le seul autre habitant encore présent ici est Monsieur Dupilon, un vieil alcoolique qui ne décuve jamais et du coup, il n’a jamais été lucide assez longtemps pour remarquer qu’il se passe des choses anormales ici.
Évolution
Spirou et Fantasio quittent le village en direction du château du comte de Champignac. Leur progression est difficile, mais par chance le comte les rencontre par accident. Avec l’aide de Lena et Astrid, deux touristes suédoises, il a bâti une cabane dans les arbres pour étudier cette forêt. Il en a conclu que les animaux comme les plantes évoluent très rapidement grâce à des cycles de vie très courts : ils naissent, vivent, se reproduisent et meurent en quelques heures.
Il ne s’agit donc pas de monstres, mais d’espèces ayant évolué rapidement en suivant les théories de Darwin. Apparemment Zorglub est derrière ce phénomène, mais personne n’arrive à comprendre le but recherché à travers cette expérience.
Pour enrayer cette catastrophe, le comte a besoin de retourner à son laboratoire. S’il ne l’a pas encore fait, c’est parce que des bestioles agressives vivent autour du château : Les Zorkons.
Comme Zorglub utilise sa Zorglonde pour empêcher les êtres vivants d’approcher, cette nouvelle espèce insensible au rayon a vu le jour. Ils sont immunisés contre la Zorglonde car ils n’ont pas de cerveau, à la place ils ont un ganglion cérébroïde comme les limaces ou les fourmis.
Même s’ils sont extraordinairement bêtes, ils sont très dangereux en groupe. Pour passer à travers cette zone dangereuse, Spirou décide de faire monter tout le monde sur le dos du dinosaure du Mémésozoïque qui a réussi à s’échapper de son enclos (voir le tome 44 de Spirou). La traversée se passe mal, ils sont rapidement submergés par l’attaque massive des Zorkons. Heureusement, Zorglub survolait la zone à ce moment-là. Il les a vus et les a embarqués dans sa Zorglmobile (sorte de vaisseau).
Zorglub
Malheureusement, cette machine n’est pas faite pour transporter autant de monde et l’engin s’écrase sur la toiture du château du comte. Par chance, personne n’a été blessé dans le crash et après avoir retrouvé leurs esprits, l’heure des explications a sonné pour Zorglub.
Ce dernier est le premier contrarié par ce qu’il vient de se passer. Il était venu en douce pour « emprunter » (voler) au comte de Champignac quelques échantillons dans son laboratoire. Mais en repartant il a accidentellement renversé des bouteilles sur le sol. L’une d’elle contenait une moisissure très prolifique qui avait servie à détruire les bases de Zorglub (voir tome 15 et tome 16). En se rependant sur le sol, cette moisissure à croissance ultra rapide s’est mélangée à du X1 qui donne une force incroyable et du X2 qui fait vieillir en quelques heures (voir tome 38).
Ce désastre est donc né d’un bête accident, il n’y avait aucune mauvaise intention de la part de Zorglub. Cependant les conséquences risquent de devenir pire encore car l’armée s’apprête à envoyer une bombe nucléaire sur la région pour enrayer le phénomène. Pour empêcher le bombardier de lâcher son ogive atomique, Zorglub utilise sa Zorglonde pour hypnotiser le pilote et le forcer à faire demi tour. Ils prennent ensuite contact avec les autorités pour leur exposer la situation et leur expliquer le comte de Champignac dispose d’un produit de « décroissance » (le X5) qui peut inverser le phénomène.
Zorglub pulvérise le produit et rapidement les plantes et les animaux reprennent leur aspect normal. Il ne reste plus qu’à reconstruire les bâtiments endommagés pour que tout rentre dans l’ordre. Seuls quelques animaux résistent au traitement. Alors pour éviter qu’ils ne fassent des dégâts, le comte de Champignac les enferme discrètement dans la même zone où est clôturé le dinosaure.
L’aventure semble terminée, mais en réalité elle ne fait que commencer. Zorglub a récupéré des échantillons dans le laboratoire du comte pour un mettre en œuvre un nouveau plan qui implique la Lune. A présent il part en compagnie des deux suédoise pour mettre en place son projet.
Anecdotes
Couverture : A la sortie de cet album, une série limitée de 2000 exemplaires a été tirée avec une couverture exclusive. Ces versions collectors n’étaient disponibles que dans la chaîne de magasins Leclerc.
Planche 4 : La camionnette de Spirou est une version redesigné de la Citroën Type H, une fourgonnette emblématique des années 70, même si sa production a été étalée de 1948 à 1981.
Il s’agit l’un d’un clin d’œil évident à l’époque Franquin, car cet auteur a donné ses lettres de noblesse a personnage de Spirou en développant son identité (le personnage fut créé à l’origine en 1938 par Rob-Vel).
Planche 10 : Dans la première case, le général à gauche est une caricature du général de Gaulle.
Planche 13 : Le train que croise Spirou et Fantasio est probablement d’un clin d’œil à Franquin car le design est proche du train nucléaire mis en avant dans Les Robinson du Rail, un roman illustré par cet auteur.
Planche 22 : Spirou dit qu’on se croirait sur la planète des singes, il fait référence au fait que la statue du maire à moitié enterrée évoque la statue de la liberté ensevelie dans le sable à la fin du premier film.
Planche 23 : Spirou et Fantasio croisent le père Raymond sur son cheval. Il est étonnant de constater que alors que la faune et la flore ont été forcer de muter, lui et son animal n’ont pas été touché. Aucune explication n’est avancée pour expliquer cette incohérence.
Planche 33 : Case 4, on peut voir le dinosaure du Mémésozoïque. Ce monstre est un clin d’œil à Franquin car c’est cet auteur qui l’a créé et en a fait le personnage central du tome 13 : Le Voyageur du Mésozoïque.
Planche 35 : Les Zorkons sont des êtres qui ont évolués en devenant profondément stupide afin de contrer la Zorglonde de Zorglub. Pour ceux qui n’ont pas captés, leur nom est donc composé de « Zor » pour Zorglub et de « con » pour appuyer leur côté décérébré.
Planche 46 : Case 3, Spip fait allusion aux « effets d’un champignon Nucléaire qui s’arrête au frontières », cette remarque fait référence au fait que lors de l’accident de la central nucléaire de Tchernobyl en 1986, les médias français ont prétendu que le nuage nucléaire n’avait pas passé la frontière Française, et qu’il ne fallait prendre aucune mesure sanitaire, alors que tous des pays limitrophes comme l’Allemagne ou la Suisse (qui n’est pas bien large) ont pris des mesures drastique pour détruire les productions agricole, interdire la cueillette et la consommation des champignons et recommander aux enfants de ne pas rester dehors.
Planche 48 : la bulle avant du bombardier évoque fortement le design du B-29 Superfortress, l’avion de guerre américain qui largua la bombe atomique d’Hiroshima puis de Nagasaki.
Planche 48 : A la case deux, le rendu chromatique est sombre et contrasté. Ce style avec des personnages presque complètement noirs dont seules les dents et les yeux ressortent sont un clin d’œil à la BD « Idées Noires » de Franquin (tome 1 en 1981 et tome 2 en 1984).
Planche 54 : Case 3, Spirou dit que Zorglub « part dans le couchant tel un pauvre savant solitaire », c’est bien entendu une allusion à la façon dont se clôture les albums de Lucky Luke lorsqu’il part vers le soleil couchant en chantant « I’m a poor lonesome Cowboy… » (Je suis un pauvre cowboy solitaire).
Planche 54 : A la dernière case, on découvre que le projet de Zorglub concerne la Lune. Pour l’anecdote, il faut savoir que ce n’est pas la première fois que Zorglub se concentre sur notre satellite naturel. Autrefois, dans l’album Z comme Zorglub, il a concocté un plan basé sur de nombreuses fusées pour transformer la Lune en immense panneau publicitaire pour du soda.
Malheureusement, même si le projet a fonctionné, il a oublié que ses soldats parlent la Zorglangue, c’est-à-dire en prononçant les mots à l’envers (page 61). Ils ont donc aussi écrit la marque Coca-Cola à l’envers au grand désespoir de Zorglub qui n’avait pas prévu cela. La Lune incarne donc pour Zorglub une sorte d’échec personnel.