Fabriquer des champs de bataille (Warhammer)
Comment fabriquer des décors Warhammer ? Cette question taraude plus d’un joueur. A quoi bon passer des heures à peindre ses armées si c’est pour les faire évoluer sur la table de la cuisine avec des paquets de sucre ou de riz en guise de bâtiments ?
Ce livre vous apportera toutes les recettes utiles pour concevoir et réaliser des décors quelque soit votre armée et quelque soit le type de décor recherché (végétation, bâtiment, point d’eau). Alors laissez tomber la boîte de sucre et lancez-vous.
Pédagogie
Ce livre est particulièrement accessible. Si vous êtes un néophyte en matière de fabrication de décors vous ne serez pas perdu. Les étapes sont très bien expliquées et commencent très en amont, partant de la planification pour conclure sur les techniques de finition (voir le sommaire). Même les outils nécessaires sont répertoriés à la fin du livre.
Tous les aspects de la structure d’un décor sont évoqués (socle, rebords, charpente interne, etc…). Il existe de nombreuses techniques et les citer toutes est impossible, cependant, plutôt que d’en imposer une seule, les auteurs du livre préfèrent évoquer plusieurs façons de faire et laisser le lecteur choisir les matériaux en fonction de ses priorités et de ses besoins (poids, solidité, coût, rendu etc…).
Pour quel public ?
Il est clair qu’un débutant appréciera sans problème ce livre, mais qu’en est-il des personnes qui maîtrisent déjà bien la peinture ? Beaucoup d’amateurs des jeux Warhammer ont appris la peinture durant les ateliers que donnent les vendeurs des magasins Games Workshop, il est légitime de se demander si l’achat en vaut la chandelle. Il est vrai qu’un certain nombre de techniques de peinture évoquées dans le livre sont les mêmes que celles utilisées pour les engins, les figurines ou leur socle (brossage, lavis, etc…), mais cette partie ne concerne que quelque pages. La majeure partie du livre est consacrée à la création des volumes eux-mêmes, qu’il s’agisse de terrains, d’arbres ou de bâtiments (futuristes ou anciens). Vous ne serez donc pas déçus par le contenu, même si vous maîtrisez bien les techniques de peinture.
Les confirmés
En revanche si vous êtes un maquettiste chevronné ou une personne ayant fait des études de design (où l’on apprend la fabrication de maquette en mousse), ce livre vous donnera surtout une impression de déjà vu. Quoi qu’il en soit, malgré un bon bagage en maquettisme il y a quand même, dans ce manuel, des informations qui valent le détour. En effet, les dimensions ou la forme des objets doivent tenir compte du fait qu’il ne s’agit pas de décors purement esthétiques, mais d’objets ayant un rôle stratégique sur le terrain de jeu. En cela l’expertise des auteurs est bonne à prendre.
De plus, il y a une foule de petites astuces simples et efficaces qui sont distillées et qui permettent de gagner en qualité de rendu et en temps : tôle ondulé de toit faite à partir de carton, détournement d’objets Warhammer ou d’objets courants, etc… Certaines idées valent le détour.
Synthèse
Au final, ce livre est une très bonne surprise, il était à craindre que l’éditeur privilégie à outrance les produits qu’il fabrique, cependant, même si certains sont évoqués, cet ouvrage apprend surtout à créer soit même des objets originaux à partir de matières premières « génériques ».
Le livre est accessible et compréhensible par tous. Les débutants comme les maquettistes avancés y trouveront sûrement leur compte. Il existe bien sûr un moyen moins onéreux d’apprendre ces techniques en allant tout simplement sur le net où de nombreux forums donnent des techniques similaires. Mais il faut reconnaître que la qualité pédagogique de ces sites est variable. Au moins, ce manuel a le mérite d’être très bien structuré et relativement complet, ce qui facilite une progression par étapes, même si on n’y connaît rien.
Pour être sûr de la valeur pédagogie de cet ouvrage, nous avons demandé à un néophyte de réaliser un décor en se basant sur les recommandations de ce livre.
Le test fut concluant, vous pouvez juger du résultat dans le paragraphe suivant : Test de création d’un décor
Article complémentaire : décor Epave Land Raider
Test de réalisation d’un décor
Ce décor Tau inspiré de l’univers de Warhammer 40.000 a été élaboré en suivant les indications du livre édité par Game Workshop : Fabriquer des champs de bataille. Nous avons chroniqué ce livre et nous voulions vérifier si un néophyte était bien capable de s’en sortir seul avec comme seule référence les instructions de ce bouquin. Notre cobaye, qui avait plutôt l’habitude de peindre des armées (personnages et machines), a accepté de tenter l’expérience.
Avant tout chose, il faut savoir de quels matériaux on dispose. La mousse étant très onéreuse, nous avons fouillée la benne d’un chantier pour récupérer une plaque de mousse rose isolante. Il s’agit d’une mousse très solide de 15 cm d’épaisseur que l’on colle sur les façades des maisons.
La forme de cette pièce nous sert de base pour le décor.
Fabrication
Un plan dessiné directement sur la plaque nous donne les positions des différents éléments du décor (chemins, bunker, mur, générateur). Avant de commencer à tailler la mousse, nous vérifions que chaque élément est assez large pour les personnages car un décor Warhammer ne doit pas seulement être esthétique, il doit rester jouable.
Nous voulions donner une histoire à ce décor. L’idée d’un ancien bunker Space Marine partiellement reconverti par les Taus en générateur nous a séduit. Cela permettait de faire cohabiter deux styles architecturaux très différents. Cela peut aussi servir de prétexte pour une bataille (reconquérir le bunker).
La majorité du décor est en mousse, seul le générateur Tau est en plastique termo formé. Cette pièce est un ancien packaging de souris sans fil Logitech que nous avons découpé et retourné. La forme de base était excellente et pour crédibiliser le tout, il a suffit d’ajouter quelques éléments pris dans une boîte de rabio (restes inutilisés de maquettes).
Les portes rectangulaires, l’écoutille et les autres menus objets viennent d’une boîte de Prédator. Le cercle qui entoure l’écoutille vient d’un aspirateur pour enfant cassé, quant aux pastilles rondes, il s’agit d’anti dérapant auto collant. Sur le coup, le résultat est déroutant. Le générateur ressemble à un patchwork multicolore bien peu crédible au point que l’on se demande si il ne vaut mieux pas tout refaire. Heureusement tout s’arrange lorsqu’on uniformise la teinte avec une couche d’après (peinture noir et permet à la peinture définitive de tenir). La teinte étant la même partout, l’œil s’attache aux volumes et l’on commence à avoir une idée plus claire de ce que le décor va réellement rendre.
Ensuite, la peinture est une formalité. Le générateur se peint comme un tank et la terre est assez facile à rendre. Un peu de flocage aide à rehausser le tout donnant une texture à la surface.
Bilan
- 4 à 5 heures pour découper et sculpter le décor (la mousse est super dure)
- 2 à 3 heures pour enduire et poncer
- 5 à 7 heures pour peindre
Honnêtement, comme il s’agit du premier décor que j’ai réalisé, je pense avoir été un peu lent, mais une chose est certaine le livre est suffisamment clair et détaillé pour se débrouiller tout seul. Ce manuel est très accessible et sait parfaitement guider son lecteur.
Au final nous avons un décor original et parfaitement jouable (quant à l’esthétique, je vous laisse juge). Reste à savoir si vous êtes près à passer autant de temps et d’énergie pour le faire. L’autre point à prendre en compte est le coût de ce décor. L’enduit, la colle PVC et les lames de cutter coûtent de 20 à 25 euros. Si vous devez en plus acheter la mousse (c’est pas évident de trouver un chantier), on dépasse alors largement le coût d’un décor en plastique moulé.
Fabriquer son propre décor doit donc tenir compte de votre disponibilité et de votre budget. Il n’est pas forcément économiquement rentable de le faire soit même, mais une chose est sûr, c’est bien plus gratifiant.