Critique de The Host : Voici venu le temps du monstre coréen
Après une petite pause, notre rubrique de film coréen Oubliez le popcorn passez au kimchi part à la chasse au monstre avec la présentation du film The Host.
Oubliez le Godzilla américain ou japonais, il ne fera pas le poids face à la famille décalée des Park !
Synopsis
La famille Park tient un petit snack bar près de la rivière Han. Le snack est tenu par le grand et le fils aîné Gang-Du, mais y vivent aussi Nam Il le second fils, Nam-Joo leur sœur ainsi que Hyun Seo, la fille unique de Gang- Du.
Un jour, un monstre inconnu surgit de la rivière Han semant le chaos et la mort parmi des promeneurs sur le bord de la rivière et Hyun Seo se fait enlever par le monstre.
Constatant que les forces de l’ordre sont impuissantes (NDLR : encore une fois ? Cf The Chaser et The Case of Itaewon Homicide), le reste de la famille Park décide d’aller sauver la jeune Hyun Seo par leur propre moyen.
Voici venu le temps du monstre coréen
Si pour vous les films de monstre se résume au rapide visionnage du Godzilla américain sortie en 1998 alors vous allez être surpris. Pour ceux qui ont été curieux ou qui avaient des heures à tuer et qui l’ont regardé lui ou ses cousins japonais et bien vous serez aussi très surpris.
Prenons la construction classique des films dit de monstres. En général tout commence par des scientifiques qui jettent tous leurs déchets toxiques dans les égouts ou en pleines nature. Là, une bestiole qui n’a rien demandé, se retrouve contaminée et devient dans le meilleur des cas les Tortues Ninja et Maitre Splinter, dans le pire des cas un truc terrifiant.
La grosse bébête se pointe généralement dans une grande ville, de préférence une capitale surpeuplée, elle sème la panique, refait la déco, façon paysagiste apocalyptique, et joue à cache-cache avec la police et l’armée.
La fin est simple les américains arrivent et sauvent le monde. Il existe des variantes bien entendu comme certains Godzilla où le monstre se bat contre d’autres monstres eux méchants et où les américains ne viennent pas sauver le monde (les films ne sont pas d’eux ça doit être pour ça). Donc si vous vous attendez à ça et bien c’est raté.
The Host c’est le film de monstre comme on en voit trop peu. C’est un film intelligent et divertissant en même temps.
Il reprend les codes de ses aînés tout en apportant sa griffe (sans mauvais jeu de mots) et en pointant du doigt la société coréenne là où ça fait mal. La création du monstre est due à la pollution de la rivière Han par des produits toxiques américains – dénonciation claire de la présence et de la pression américaine d’après-guerre. Le monstre sème la panique à Séoul, capitale d’environ 25 millions d’habitants, et les ressemblances avec les films du genre s’arrêtent là.
Car contrairement aux autres, la créature enlève la jeune Hyun Seo pour se faire un garde manger et ceux qui interviennent ne sont non pas les militaires mais des civiles puisque c’est la famille Park qui va rentrer en guerre pour délivrer l’une des leurs.
Et quelle famille ! Les antis-héros par excellence. Le grand-père et le fils aîné tiennent un snack, le sans-emploi Nam-Il est considéré comme le paumé voire le rebut, Nam Joo « fiertée » de la famille est championne de tir à l’arc. L’entente entre les membres n’est pas toujours bonne mais quand l’adversité advient ils n’hésitent pas unir leurs forces. Rien de très glorieux donc : ce sont des gens ordinaires qui se retrouvent dans une situation qui ne l’ai pas. C’est un plaisir de suivre cette famille dans sa quête contre le monstre, le spectateur ne peut que ressentir de la sympathie face à leurs échecs et leurs réussites. L’alternance entre les deux fait aussi naître une sorte de suspense et d’humour un peu décalé.
Les effets spéciaux sont très bien réussis : le monstre est bien fait, il est montré au grand jour pas seulement en scènes de nuit où dans des endroits sombres ce qui apporte un certain crédit. Il profite d’une bonne incrustation dans le décor, c’est véritablement un travail soigné.
Le réalisateur joue sur l’alternance entre tension et humour. Pour cela, en plus du jeu d’acteur et des rebondissements scénaristiques, la musique prend une grande part dans l’œuvre. Vous comprendrez vite que l’arrêt ou le changement de style peut influer l’ambiance. Impossible de parler de la musique sans parler de la scène où l’on voit le monstre surgir pour la première fois. Scène magnifique d’horreur qui est poussée au paroxysme par un fond sonore en musique classique.
The Host vous fera passer un agréable moment. Entre rire et drame, tension et réflexion, sature d’une société peu connu et héroïsme ordinaire.
Vous aurez presque envie de faire partie de cette famille qui semble tellement familière. En conclusion, ce film est un bon divertissement pour ceux qui ont envie de voir un film de monstres d’un genre différent.
Anecdotes
- Anecdote très personnelle : quand je suis allée voir ce film en 2006 au ciné, je dois dire que les réactions dans la salle ont été plus que mauvaise. La majorité des spectateurs ne s’attendaient pas à un tel film et non pas appréciée. Ils n’ont pour la plupart pas compris les références culturelles et le spectre de Godzilla (version américaine) hantaient trop leurs esprits. Alors un conseil, avant de visionner ce film, laissez vos apriori de coté et tout ce que vous connaissez sur les films de monstre.
- Pour ceux que ça intéresse vous pouvez écouter la musique (In praise of the Han river) de la scène d’attaque du monstre ici :
- Le réalisateur est Bong Joon-ho à qui l’on doit Memories of Murder (2003) et Mother (2009)