Critique de Sector 7 : Une plongée en enfer (film coréen)
Après la fort belle critique du film The Host, notre rubrique de films coréens Oubliez le popcorn passez au kimchi continue sur le film de monstres.
C’est bien dommage car ce film bien qu’ayant de belles promesses (premier film coréen en 3D, une actrice principale motivée), il explose en plein vol nous laissant sur notre faim…
Attention, dans 2 semaines, notre rubrique changera de forme en vous proposant de voter pour les films dont vous voulez que NOUS parlions.
Synopsis
L’équipe de forage de la plateforme pétrolière Sector 7 se retrouve face à une série de meurtres inexpliqués. Ils vont vite se rendre compte que sous la mer il n’y a pas que du pétrole…
Une plongée en enfer
Dans la famille « film de monstres », je voudrais le vilain petit canard, j’ai nommé Sector 7. Malheureusement, on aura beau de le regarder tant qu’on le voudra, si on en a la force, il ne transformera en cygne majestueux.
Penchons-nous sur les raisons d’une telle débâcle.
Commençons par replacer Sector 7 dans l’histoire du cinéma coréen. Il est le premier film coréen à avoir été tourné en 3D Imax. Autant la 3D s’est répandue un peu partout, autant ce film est clairement un coup d’essai : le relief tient la route et techniquement, on voit les efforts apportés à la réalisation des effets 3D. Cependant il aurait été salvateur de ne pas concentrer l’intégralité du budget là-dessus.
En effet, passons à l’histoire… L’histoire ?… Ah ! Le scénario ! Euh on a fait un film en 3D ça suffit pas ? Et bien non un film sans scénario, ça ne peut fonctionner et les spectateurs coréens ne s’y sont pas trompés car après un démarrage dans les salles obscures très prometteur, les salles se sont vidées, les critiques ainsi que le bouche-à- oreille ayant descendu le film en flèche.
Pourtant, certains points pouvaient sembler plus qu’alléchant au vue de leurs originalités.
Tout d’abord le lieu : une plateforme pétrolière. Pour un film d’horreur, cet endroit est une très bonne idée de huis clos car il est coupé du monde et sans échappatoire.
De même, avoir pour personnage principal une femme aurait pu apporter un vent frais -d’ailleurs, c’est une première en Corée pour ce genre de film.
Cependant les originalités de Sector 7 s’arrêtent là et le « scénario » s’enlise.
On se retrouve plongé pendant 1h50 à suivre un groupe d’hystériques qui hurlent et courent dans le labyrinthe de cette plateforme où ils sont poursuivis par un monstre qui manque cruellement de charisme et qui ne fait absolument pas peur (un peu dommage quand même pour ce genre de film).
Autant dans The Host, montrer le monstre en plein écran et en pleine lumière donnait du cachet au film autant ici on comprend pourquoi le monstre n’est pas beaucoup montré et pourquoi il fait sombre.
Ce qui nous amène à l’image complètement catastrophique.
Les séquences sous-marines de Sector 7 sont certes en relief mais terriblement laides. Pour vous donner une idée, si Abyss ressortait en 3D au cinéma, vous penseriez qu’il est plus récent que Sector 7.
La plupart des scènes ont été tournées sur fond vert et malgré ce choix, l’ensemble est sombre, on ne voit rien et quand enfin on aperçoit quelque chose, on préférerait n’avoir rien vu. Les raccords sont quasi inexistants et nous passerons sous silence le son du film qui, apparemment comme le scénario, n’a pas dû être pris en considération au moment du tournage.
Abordons maintenant le jeu d’acteur. Qui dit premier film en 3D dit aussi première expérience sur fond vert pour les acteurs…vous voyez où nous voulons en venir ? Précisons que ce sont tous de bons acteurs, ils ont tous fait leur preuves dans d’autres productions et ils seraient faux de dire qu’ils sont mauvais. Juste que dans Sector 7, ils sont lâchés sans véritable scénario et ils tâtonnent dans une première expérience en 3D.
On se retrouve donc avec des acteurs peu convaincus et convaincants qui se débattent tant bien que mal avec la matière qu’on leur a donné. Petite mention tout de même pour Ah Ji Won, le rôle principale féminin, qui ne se sort pas si mal que ça de ce naufrage.
Elle se retrouve avec un rôle de femme à forte personnalité un peu à la Segourney Weaver dans Alien mais en plus chevelu. On notera aussi qu’elle a fait la plupart de ses cascades sans doublure et qu’elle a même passé le permis moto pour ce film.
Sector 7 est donc le film que vous pouvez vous passer de voir : beaucoup d’argent de dépensé, beaucoup de bruit pour au final une chose informe (encore plus que la créature du film elle-même). Grosse déception.
Anecdote
TF1 aurait acheté les droits d’exploitation de Sector 7 surement pour une sortie en DVD mais c’est à confirmer.