Dofus Monster Tome 09 : Koulosse

Dans l’univers de Dofus, parmi tous les craqueleurs, il en est un dont l’aspect détonne. Sa coiffure, son comportement non violent et sa propension à fumer autre chose que du tabac évoquent fortement le chanteur jamaïquain Bob Marley. Pourtant Koulosse n’a pas toujours eu cet aspect et cette attitude nonchalante, contrairement à son corps, son cœur n’est pas de pierre, soumis aux bonnes comme aux mauvaises influences.

Ce tome de Dofus Monster aborde ce que l’esprit humain peut donner de mieux et de pire lorsqu’il s’immisce dans le cœur d’un de ces golems géants.

Critique et analyse

Cette aventure de Dofus Monster est l’occasion de comprendre le surprenant lien qui existe entre les espèces de peluches appelées koalaks et cet immense géant de pierre.

Comme le veut l’esprit de cette collection, l’histoire est compréhensible même pour quelqu’un qui ne connaît rien du jeu Dofus. De leur côté, les joueurs apprécieront d’en savoir un peu plus sur le gardien du Dofus Kaliptus (qui ne l’est plus dans le jeu) et les raisons de son caractère non violent qui explique en partie pourquoi malgré sa force colossale, il préfère invoquer des bouftous plutôt que de se battre lui-même.

Trass’Bill nous livre ici un graphisme bien différent de son style habituel avec des dessins moins chargés et plus fluides donnant une dynamique plus forte à son trait et à la narration de l’histoire (voir interview de Trass’Bill).
Paradoxalement, alors que de par sa taille et sa nature, le Koulosse est probablement celui qui a l’aspect le plus monstrueux de la collection Dofus Monster, le scénariste Philipe Zytka arrive à nous dresser une portrait psychologique très humain et équilibré (malgré son côté fumeur d’herbe).

En dépit de quelques errements pour se forger sa nouvelle identité, Koulosse a une personnalité fondamentalement positive qui contraste avec les esprits torturés d’écorchés vifs des autres héros de cette collection. Alors que la plus grande partie des tomes de Dofus Monster donne envie au joueur d’en découdre avec le monstre, ici, lorsqu’on tourne la dernière page, on serrait presque tenté de laisser ce Koulosse en paix dans sa caverne. Seul l’appât du gain peut encore vous motiver à interrompre la quiétude de ce géant de pierre au cœur d’or.

Premières planches

Retrouvez les huit premières pages de cette BD, cliquez dessus pour les voir en grand, la résolution est suffisante pour pouvoir les lire.

Humour décrypté

Nous avons relevé de nombreux clins d’œil, mais pour être sûr des références que nous citons, Trass’Bill et Philipe Zytka ont eu la gentillesse de confirmer, compléter ou corriger les plus difficiles à trouver.

Planche 10 : Case 4, le Iop fait allusion à la taverne de la Dragodinde Fringante, référence à la taverne du Poney Fringant dans Le Seigneur des Anneaux.

Planche 15 : A la case 4, le géologue dit que la roche vient de la Mer Kantil, jeu de mot faisant allusion au mot mercantile. Pour l’anecdote, précisons que ce lieu existe dans l’univers du MMO Dofus.

Planche 32 : Le craqueleur des plaines a amené des soldats avec lui. Ces petits craqueleurs ne sont pas tirés de Dofus, il s’agit de Rock Lords, une gamme de jouets de Bandai sorti en 1986 et distribuée par Tonka. Il s’agissait d’un spin off des GoBots (robots transformables comme les Transformers) sauf qu’au lieu de se transformer en machines (avion, voiture, etc…) ils se transformaient en rocher pour se camoufler.

Malgré le renfort d’une série animée, le concept n’a pas très bien marché et les ventes furent très en dessous des robots transformables traditionnels. Ce résultat n’était pas réellement surprenant compte tenu de la nature même de la transformation. Ayant connu cette époque et ayant possédé ces jouets, j’avoue que pour un enfant, une transformation en caillou ça fait beaucoup moins rêver qu’en camion, fusée ou bateau.

Planche 46 : Case 6, les auteurs nous ont précisé que le pêcheur sort une tong de Wabbit du lac (la carotte ne laisse aucun doute), c’est un clin d’œil au Dofus Monster précédent : Le Wa Wabbit.
Paradoxalement dans le tome du Wa Wabbit aucun Wabbit ne porte de sandale.

Planche 58 : A la case 2, le gros Koalak balaise s’appelle Koaloff Diouty en allusion au jeu vidéo Call of Duty.

Planche 58 : A la case 4, le  koalak qui s’appelle Koaldkrim le glacé fait allusion à Cold Cream c’est à dire « crème glacée » en anglais. Celui qui s’appelle Koalback est une allusion au mot « colback ». Ce terme désigne à la base une coiffure militaire à poil, ornée d’une poche qui pend de côté, mais avec le temps son sens a évolué. A présent, il traduit surtout  le col, on retrouve ce mot surtout dans l’expression « prendre quelqu’un par le colback ».

Planche 70 : Case 1, la fille à laquelle il parle s’appelle Koalgirl la Délurée est une allusion au mot Call-Girl.

Planche 73 : Case 1, la chevelure rasta, le goût pour la non-violence et l’addiction à la fumette sont une allusion au chanteur Bob Marley. Le mouton de Khôti appuie ce clin d’oeil puisqu’il porte les trois couleurs du drapeau la jamaïquain patrie d’origine de Bob Marley.

Planche 79 : Case 1, le Koalak parle de la Vallée de la Morh’kitu, une allusion à l’expression pléonastique « la mort qui tue ». Ce lieu fait partie de la géographie du MMO Dofus.

Planche 89 : Cases 1, lorsque Koaloff Diouty dit « Touche pas à mon Iop », il s’agit d’une référence au slogan publicitaire Touche pas à mon Yop du célèbre yaourt à boire de Yoplait.

Dans la case 3, lorsque le Koalak dit « Je m’en fous j’ai craché dessus », c’est aussi une allusion à la réplique « De toutes façons j’ai craché dedans » dite par un des acteurs pour empêcher qu’on lui vole son Yop dans la pub datant de 1996.

Planche 91 : Le maître dit que le Dofus Kaliptus n’apporte aucun pouvoir. Cette remarque fait référence au fait qu’il ne s’agit pas d’un vrai Dofus. En effet, on apprend dans le jeu Dofus qu’il s’agit pas d’un Dofus primordial (œuf de dragon) mais d’un faux Dofus (artéfact d’origine plus ou moins inconnue). Par rapport à un vrai Dofus, les capacités de cet objet sont peu intéressantes. Dans le cas du Dofus Kaliptus, le porteur voit simplement sa prospection augmenter.

Planche 138 : Le nom de la librairie est écrit à l’envers, Echur xua servil vient de « Ruches aux livres » une librairie située à Wavrin dans le Nord.

Sur cette même page, dans la file d’attente, on peut voir deux personnages qui sont inspirés de fans qu’ont rencontrés les auteurs lors de dédicaces.

Les dialogues en voix off de Skeunk font référence au refrain « « J’aurais voulu être un artiste » de la chanson « Le Blues du Businessman » interprété par  Claude Dubois. 

Le nom et le design de la Sramette « Poussy Gahlör » est un hommage au personnage de Pussy Galore, la méchante du James Bond : Goldfinger.

Planche 139 : Le personnage qui joue avec un sablier est Trass’Bill le dessinateur de cette BD et celui avec la hache en face de lui est Philipe Zytka le scénariste.

Le personnage déguisé en abeille est le patron de la Ruche aux Livres qui s’est un jour déguisé comme ça lors d’un salon.

Le couple derrière l’auteur du livre sont une allusion aux autres personnes qui s’occupent de la librairie, derrière la caisse notamment, il s’agit du personnel de la librairie en question.

Dans la case 1, les auteurs ont voulu faire un clin d’œil un peu caricatural au fait que pendant les séances de dédicace, il y a bien souvent plus de sacs qui font la file d’attente que de personnes.

Planche 140 : Le personnage de Skeunk est une allusion au fait que dans le jeu Dofus, ce n’est pas le Koulosse qui détient le Dofus Kaliptus mais Skeunk. On devine donc à cette case que la BD se passe avant le jeu et que Skeumk cherche des renseignements sur le Dofus pour le dérober à Koulosse.

En arrière plan on voit Trass’Bill qui a cassé le sablier et Philipe Zytka qui a l’air contrarié. Le sablier incarne le temps qui passe et la difficulté pour Trass’Bill de respecter les délais compte tenu du nombre de projets de BD qu’il gère en parallèle.

Résumé

Le Craqueleur des plaines semble être devenu fou, il veut conquérir le pouvoir et n’hésite pas pour à tuer son frère le Craqueleur des montagnes en brisant en deux sa gemme matricielle. Mais les deux parties brisées tentent de se reconstituer en s’attirant mutuellement, alors pour être certain qu’il ne puisse pas ressusciter, le craqueleur jette au loin l’un des deux morceaux.

Le maître des Koalaks a assisté à ce combat titanesque, il a récupéré le morceau de gemme matriciel qu’il a trouvé dans le cadavre du craqueleur mort. Cet affrontement, lui a donné l’idée d’inventer une légende. Pour dissuader les intrus qui voudraient leur voler leur Dofus Kaliptus, il a fait courir pendant des années le bruit que la montagne est gardée par le Koulosse, un craqueleur géant qui protège le dofus et les Koalaks.

Bien entendu, ce mensonge ne dissuade pas tout le monde, mais les Koalaks croient en cette légende ce qui leur donne du courage pour affronter les chasseurs de trésors assez téméraires pour s’aventurer sur leurs terres. Khôti fait parti de ces guerriers courageux qui se battent pour protéger le dofus. Son maître sait que c’est un guerrier droit et fondamentalement gentil, mais regrette qu’il passe son temps à fumer du Kaliptus. Cette addiction amoindrie ses performances et ne l’aide pas à s’intégrer dans le groupe.

Les hasards de la vie conduisent Khôti à entrer en possession de l’autre morceau de gemme matriciel. Pensant qu’il s’agissait du gemme de son maître, Khôti rapporte la pierre dans les appartements de son maître et réalise alors qu’il s’agit du morceau complémentaire. En recollant les deux morceaux, il ressuscite le craqueleur, malheureusement, pour lui, il se fait absorber par la pierre et son esprit fusionne avec celui du craqueleur. Il n’est plus Khôti, mais il n’est pas non plus le Craqueleur des montagnes. Il est un nouvel être désorienté, en quête de son identité.

Pour son peuple, Khôti est mort dans l’effondrement des galeries qui a suivi la renaissance du craqueleur. Seul le maître a compris ce qu’il s’était réellement passé. Pour tout le monde, le Koulosse est responsable de la mort de leur ami. Khôti a bien tenté de leur expliquer la situation, mais en voyant son apparence rocheuse, il ne savait plus vraiment qui il était lui-même.
Depuis, il se terre dans la montagne, exigeant des Koalaks qu’on lui livre des feuilles de Kaliptus en grande quantité pour pouvoir les fumer et oublier ainsi son malheur et tromper sa solitude.

Un jour les Koalaks se font dérober leur Dofus. Le maître est blessé dans l’attaque et se fait secourir par Khôti. Il réalise que ce dernier est perturbé au point de s’imaginer être le Koulosse. Le maître lui explique alors que Koulosse n’est qu’une légende inventée par lui pour repousser les voleurs. Il lui explique aussi que son âme a fusionné avec celle du craqueleur.

Khôti comprends mieux ce qui lui est arrivé, il accepte ce qu’il est devenu et les deux personnalités qui sont en lui cessent de lutter pour ne devenir qu’une. Puisque le maître a inventé cette légende pour effrayer les voleurs, Khôti prend la décision d’incarner cette légende et de devenir Koulosse. Ce nouveau nom symbolise pour le craqueleur le fait qu’il renonce à ses deux identités issues du passé pour s’en construire une nouvelle.

Le craqueleur récupère sans peine le Dofus des mains des brigands. Alors qu’il allait repartir, l’un d’eux est surpris de voir qu’il est un craqueleur « libre ». Koulosse le questionne et apprend que tous les craqueleurs ont été réduits en esclavage par le Craqueleur des plaines qui l’avait tué autrefois. Il contraint depuis plusieurs années ses congénères à piller les richesses du monde.

Koulosse se remémore alors sa défaite et celui qui a brisé sa gemme matricielle. Assoiffé de vengeance, il part affronter son ancien adversaire. Le combat est rude, mais il réussit à le neutraliser. En arrachant de ses mains la gemme matricielle de son ennemi, il comprend enfin ce qu’il s’est passé. Cette gemme a fusionné avec l’esprit d’un roublard : cet individu avide de richesses et de pouvoir a corrompu l’esprit pur du craqueleur et l’a rendu mauvais. Malheureusement, il n’existe aucun moyen d’inverser le processus. Alors, à contre cœur, Koulosse décide de briser en mille morceaux la gemme matricielle.

Les craqueleurs sont enfin libérés du joug de ce tyran et veulent que Koulosse devienne leur chef suprême, mais Koulosse refuse. Il estime que les choses doivent redevenir comme avant et que chaque clan doit retrouver son autonomie. Les craqueleurs doivent retrouver un fonctionnement collégial pour les prises de décisions. Il aimerait rester avec eux, mais depuis que son esprit a fusionné avec un Koalak, il ne se sent plus à sa place parmi eux.

Koulosse décide donc de revenir vivre avec les Koalaks qui l’acceptent avec plaisir en voyant qu’il ramène le Dofus. Depuis lors, il est devenu le gardien officiel de cet artéfact et vit au milieu de ses congénères où il fume sereinement des feuilles de Kaliptus séchées. Il ne se doute pas qu’un mystérieux personnage nommé Skeunk cherche des infos sur le Dofus Kaliptus en vu de lui dérober. Mais ceci est une autre histoire.

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