Critique de Le vent se lève : le dernier chef d’oeuvre de Miyazaki
Le Vent se Lève, dernier film réalisé par Hayao Miyazaki, qui sortira en salle le 22 Janvier prochain, vient clore la fabuleuse carrière du grand maître de l’animation japonaise. Un point final sous la forme d’un merveilleux lâché de lampions, plus que d’un bouquet final.
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Présentation du film Le Vent se Lève
Le Vent se Lève regroupe tous les éléments qui ont fait le succès et la spécificité des films signés Hayao Miyazaki. Une recette adaptée cette fois à un univers bien réaliste, la biographie de Jiro Horikoshi.
Enfant, Jiro rêvait de devenir pilote d’avion, mais sa mauvaise vue le contraignit à abandonner cette option. Passionné d’aviation, et grand fan de l’ingénieur italien Giovanni Caproni, il décida de suivre ses pas et entreprit des études d’ingénierie. Grâce à ses talents dans ce domaine, intégra la plus grande entreprise d’aéronautique japonaise en 1927 et devint alors l’un des plus grands ingénieurs au monde.
Le Vent se Lève n’est pas à proprement parlé un long-métrage trépidant. Trop de lenteur viennent plomber une histoire pourtant magnifique. Il reste cependant très agréable de par la fraîcheur et la candeur distillées au gré des tableaux. Davantage une galerie d’art, le Vent se Lève enchaîne des tableaux réalistes et merveilleux. L’onirisme cher à Miyazaki est très présent ici, grâce à l’imaginaire fertile de Jiro. Ce dernier semble partager littéralement ses rêves avec celui qu’il admire tant, l’ingénieur italien Caproni. Prenant souvent le pas sur la réalité, les rêves de Jiro l’influence dans ses choix de vie, lui dictant parfois sa conduite.
Un grand bravo pour ce savant mélange entre le monde de l’imaginaire et le réel, deux terres qui entrent en collision à des moments inattendus, une frontière parfois floue qui oblige le spectateur à guetter l’indice qui lui monterait où il se trouve.
Les effets sonores générés par des voix humaines sont également très bien travaillés. Entre réalisme et fantastique, ils animent le vent qui devient tantôt le monstre dévastant tout sur son passage, tantôt l’ami poussant les gens dans la bonne direction.
Le vent est d’ailleurs une thématique très importante. Il apporte du rythme au film tel une anaphore dans un poème, et confère de la profondeur aux échanges entre les personnages rendant leur discours presque philosophique. Avec le Vent se Lève, Miyazaki rend hommage à la poésie à de nombreuses reprises. Outre le nom de film emprunté au poème de Paul Valéry, Le Cimetière Marin, de nombreux clins d’œil sont faits à différents auteurs.
Le poème Qui a vu le Vent ? de Christina Rossetti est également cité dans ce film :
« Qui a vu le vent ?
Ni toi, ni moi,
Mais lorsque les feuilles frissonnent,
C’est que le vent passe par ici. »
Une œuvre qui interpelle particulièrement le spectateur. Car même s’il ne peut sentir le vent, il perçoit tour à tour la brise qui caresse l’herbe, les bourrasques qui attisent le feu, l’air qui glisse sur la carlingue de l’avion.
Comme dans de nombreuses créations de Miyazaki, la symbolique de l’élévation est très présente. Une élévation physique qui traduit une élévation sociale. Les aléas de la vie qui portent Jiro ou le font chuter.
L’ingrédient du héros courageux au cœur pur est pleinement utilisé, même s’il s’agit ici d’un héros de tous les jours, un humain luttant dans un monde sans magie, où la guerre et la famine font rage.
Défendant les faibles, offrant de la nourriture aux plus démunis, secourant des personnes en détresse sans penser une seconde à sa propre sécurité. Jiro est un jeune homme dévoué et passionné, autant au travail qu’en société. Un héros qui, frappé par des drames, se relève et continue d’avancer. Parce que Hayao Miyazaki instille toujours une pointe de tragique, une douleur venant marquer au fer rouge le héros, testant sa ténacité et sa volonté de vivre. « Il faut vivre » scande le slogan du film malgré la faim, les bombes, la maladie. Le Vent se Lève est, à sa façon, un hymne à la vie.