Shin-ichiro Natsusaka

Shin-ichiro Natsusaka est un artiste sculpteur spécialisé dans la création de prototype de  figurines. Il est né le 22 septembre 1971 au Japon à Miyani dans le département de Miyagi. Parmi ses réalisations, on trouve des figurines de toutes les tailles, du petit gashapon à la grande figurine de collection. Il travaille dans tous les styles : cartoon, réaliste, asiatique ou américain.

Site officiel : http://www.kambanart.com

Rien ne destinait cet artiste à faire de la sculpture. Enfant, son penchant artistique l’orientait plutôt vers le dessin. Durant le lycée, il fréquente des clubs de dessins (beaux-arts, manga et animation). L’art l’attire, mais en faire un choix de carrière lui semble difficile car il se demande comment on peut en vivre. Pourtant vers 15 ans, il se décide à tenter quand même de faire sa carrière dans le domaine artistique.

Etudes supérieures

En 1990, il choisit donc de tenter d’enter dans l’école de beaux-arts Gedjutsu Daigaku de Tokyo car c’est l’école la plus renommée du Japon dans ce domaine. Mais la compétition pour y rentrer est particulièrement rude. Il doit donc faire une prépa dessins pendant deux ans.
En 1992 après avoir échoué 3 fois au concours d’entrée, il se rabattra sur l’école de Beaux arts Tama Bidjutsu Daigaku qui est la seconde école la plus réputée. Il y pratiquera pendant 4 ans toutes formes de techniques, mais il reconnaît volontiers avoir plus appris durant ses deux ans de prépa que pendant ses 4 ans d’études supérieures où les élèves préféreraient végéter et sortir que d’étudier assidument (NDLR : C’est marrant, c’est un peu comme en France, où on apprends souvent plus en prépa dessins qu’après dans les écoles supérieures).

Il obtient son diplôme en 1996, mais cette même année, il a avait déjà commencé à travailler en free lance dans la fabrication d’enseignes pour des commerces (karaoké, magasins, bar, etc…). Les enseignes se nomment Kamban au Japon, ce qui a donné le nom de son site Kambanart.com. Ce qui lui plait dans ce travail est le fait de s’affranchir d’un travail à plat en 2 dimensions, pour commencer à travailler en 3 dimensions sur des formes en volumes.
En effet, une enseigne dispose de reliefs et de surépaisseurs, d’une certaine manière, c’est un premier contact avec la sculpture. Il créé même des œuvres décoratives murales pour aménager l’intérieur des certains commerces.

Coup du destin : réorientation vers la sculpture

Nastusaka adorait son boulot et il aurait probablement continué longtemps dans cette voie si un an plus tard il ne s’était pas cassé le poignet dans un accident de moto. Cette immobilisation de deux mois puis la convalescence l’empêchait de manipuler avec dextérité certains outils comme la scie sauteuse. Un de ses amis motards qui travaillait chez l’Atelier OKUBO (un fabriquant de jouet) lui propose alors un poste pour le dépanner. Il est alors chargé de peindre les prototypes des figurines de gashapon.

Durant les 2 ans où il est resté dans cette entreprise il sera formé à la sculpture prototype et la fabrication des moules. Mais l’ambiance est lourde, malgré le fait qu’il soit devenu plus compétent et plus polyvalent, son salaire est baissé par deux fois (à cause des difficultés financières que doit affronter l’entreprise). La seconde baisse est la goûte d’eau qui fait déborder le vase, en 1998 Natsusaka décide donc de claquer la porte pour se mettre à son compte comme free lance.

Grand bien lui a pris car non seulement il gagne beaucoup mieux sa vie en free lance, mais surtout il a bien fait de partir car son ancienne boîte n’a pas survécue très longtemps.

Démarche Artistique

Ayant une bonne réputation auprès des fabricants de figurines, son carnet d’adresse lui permet de vivre en consacrant 80 % de son temps à des activités industrielles et 20 % à une approche purement artistique pour la préparation d’expo. Depuis 1993, Natsusaka a toujours fait des expos, et il tente à travers elles de prouver que la sculpture de figurines est un art qui mérite sa place dans un musée.

Au Japon comme en France, les figurines sont considérées comme de simples objets de consommation et ça l’attriste profondément. En cela il admire la démarche de Takashi Murakami qui a exposé à la Fondation Cartier des figurines en les sortant de leur contexte commercial et en les mettant en valeur, ce genre de démarches change le regard des gens sur ces objets. En cela, cette se rapproche de celle de Marcel Duchamp qui avait exposé un urinoir et l’avait intitulé La Fontaine. L’objet courant le plus commun pouvait ainsi devenir art selon le regard porté.

Natsusaka adore ces deux artistes et cherche ce propre voie pour arriver à corréler figurines et Beaux-arts. De cette recherche naîtra le concept de Bande Sculptée.

Sa démarche artistique se veut être l’inverse de celle des animés et des mangas. Il commence par créer des personnages en volume ou sur papier, et à partir de leur apparence, il crée une histoire autour. Pour qu’une expo soit réussie à ses yeux, il faut que les visiteurs accordent autant d’intérêt à la figurine qu’au texte qui l’accompagne. Et dans l’ensemble ce concept de « Bande sculptée »  fonctionne bien et attire les visiteurs (voir le catalogue de l’exposition de 2004).

Ces efforts seront récompensés puisqu’il reçoit en 2004 le prix d’excellence de "Japan Media Arts Festival" décerné par Ministre de la Culture du Japon.

En 1999 Natsusaka se marie avec une compatriote artiste peintre en peinture traditionnelle. Son épouse est pour lui une stimulation car étant elle-même artiste dans un domaine différent du sien, elle apporte un regard différent. Il existe une émulation réciproque avec sa compagne. Ils auront ensemble en fils en 2006 qui est né en France.

Arrivée en France

L’arrivé en France de Natsusaka remonte à 2001. En tant qu’artiste, il pensait que Paris serait un lieu parfait pour être stimulé. Il a seulement fait 6 mois de cours de Français avant de venir, du coup, ne pouvant pas parler parfaitement, les premiers mois en France furent très difficiles en particulier avec l’administration française.

Côté professionnel, cela n’a pas changé grand-chose pour lui car il travaille toujours à distance pour des clients Japonais et Américain. Son seul regret et de ne pas avoir l’occasion de travailler pour des Français. Quoi qu’il en soit sur le plan purement artistique, il continu à faire de nombreuses expositions à la fois en France et au Japon. 

Anecdote : France Five

En marge de son travail professionnel, il a sculpté le château des Lexos et des vaisseaux spatiaux qui ont servi la série amateur Sentai France Five de Alex Pilot. Il a même offert une figurine d’un des France Five comme objet de décoration pour le réalisateur.