Le Clan Takeda critique le film Dragon Ball Evolution
Voici la critique du Clan Takeda sur le film Dragon Ball Evolution. L’auteur est Spike, le président de l’association que j’avais interviewé sur Chibi Japan Expo.
Retrouvez l’article originale sur le site de l’association et n’hésitez pas à réagir sur leur forum.
Imaginez l’adaptation ciné tant attendue du manga le plus vendu au monde. Imaginez Sangoku en adolescent pré-pubère, publicité ambulante pour une célèbre marque de cosmétique « qui le vaut bien ». Imaginez le célèbre « Kaméhaméha » revisité à la sauce tecktonik. Imaginez un Piccolo tout droit sorti du plus mauvais épisode de « Buffy contre les vampires ». Imaginez Tortue géniale sans barbe, sans lunette de soleil, et surtout sans carapace sur le dos. Imaginez Bulma avec une coupe de cheveux digne des meilleurs tubes dance des années 80. Imaginez un Yamcha aussi péroxydé qu’inutile, mais sans Plume. Imaginez enfin des effets spéciaux et un scénario dignes de la pire série B ouzbèque existante. Mélangez le tout, et vous obtiendrez l’un des pires films de l’année, et surtout l’une des plus mauvaises adaptations de mangas ayant jamais foulées nos écrans. Vous en cauchemardiez, Hollywood l’a fait !
Dragon Ball, le manga culte d’Akira Toriyama, c’est 42 tomes vendus à plus de 25O millions d’exemplaires à travers le monde, c’est un anime dantesque de presque 350 épisodes, c’est plus d’une quinzaine de films d’animation … bref, c’est un monument de l’histoire du manga. Pourtant, Hollywood n’ayant jamais froid aux yeux et surtout pas peur du ridicule (depuis le temps, on s’en serait rendu compte…), et ayant depuis 1989 couvert ses arrières en achetant les droits d’adaptation de l’œuvre de Toriyama, voilà, vingt ans plus tard, que débarque sur nos écrans la tant attendue adaptation cinéma* de Dragon Ball …baptisée pour l’occasion et après mures réflexions de grands penseurs dopés au McDo et au Redbull : Dragon Ball Evolution.
Titre finalement bien trouvé quand on voit le résultat final, car en terme d’évolution, on peut dire le fan lambda de Dragon Ball en a pour son compte, mais certainement pas pour son argent. Navrant, pathétique, honteux, déplorable, grosse blague…les adjectifs ne manquent pas pour qualifier ce navet cinématographique pourtant longtemps fantasmé. A croire que l’Oncle Sam n’éprouve nul cas de conscience à massacrer de la pire des façons un monstre sacré de la culture manga.
Dragon Ball Evolution, c’est donc l’histoire de Sangoku, jeune adolescent en apparence sans particularité (ah si, il a tendance à être le looser de service), dont le destin va basculer le jour de ses 18 ans. Orphelin recueilli par son grand-père, Sangohan, il apprend lors de ses temps libres à maîtriser la force innée qui est en lui au travers de techniques kung-fu dévastatrices (rien de tel qu’un entraînement au combat sur une corde à linge pour bien commencer la journée… si si je vous jure !). Lorsque Sangohan est assassiné par le démon Piccolo, Goku apprend que son destin est de réunir les sept Dragon Ball disséminées de par le monde afin d’invoquer ShenLong, le dragon sacré, pour anéantir le vilain pas beau Piccolo (vraiment moche pour le coup) avant la prochaine éclipse solaire, sous peine de voir le monde anéanti par les forces du mal. Aidé par ses fidèles acolytes, Bulma la brillante scientifique surarmée, ChiChi la copine de lycée bagarreuse et mignonne tout plein, et bien sur Yamcha le bandit de grand chemin roublard mais un peu bête, il devra avant tout acquérir la technique secrète du Kaméhaméha, qui lui permettra de concentrer son énergie dans ses mains (et d’éteindre les bougies au passage), auprès du légendaire Maitre Roshi (Tortue Géniale pour les intimes), qui dissimule sa force incommensurable derrière une chemise hawaïenne ridicule et un attrait démesuré pour les magazines cochons.
En lisant cela, on serait amené de prime abord que malgré quelques (très très grosses) digressions, ce synopsis n’est finalement pas si éloigné du manga original (ou en tout cas d’une petite partie). Pensée naïve de bien courte durée puisque dès les premières minutes du film le choc est pour ainsi dire rude. Avant tout, Sangoku n’est plus le petit garçon à queue de singe simplet et attachant du manga, c’est désormais la caricature de l’adolescent ricain par excellence, avec son sac sur le dos et sa coupe de cheveux défiant les lois de la pesanteur, cherchant par tous les moyens à se découvrir une sexualité fantasmée mais encore inconnue. Trop timide pour impressionner les donzelles, il a de plus la fâcheuse habitude d’être le souffre douleur de service des gros bras du bahut. Ce n’est pas de sa faute, mais son grand-père l’a interdit de se battre, car il est différent des autres et ne doit pas le révéler. Différent en effet, car il cache au fond de lui une force qui le dépasse et une prédisposition innée pour les arts martiaux. Alors quand enfin il se lache, il envoit des vagues d’énergie, gigote dans tous les sens, distribue des mandales à tour de bras… et ce toujours sans se décoiffer, ce qui en soi est déjà incroyable.
Dans le rôle du méchant de service, on trouve donc le démon Piccolo, autre personnage historique du manga, interprété sous les trois tonnes de maquillage par James « Spike » Masters, fraîchement sorti du casting de la série fantastique pour ado Buffy contre les vampires. Si l’idée de départ semblait alléchante tant Marsters à une « gueule » compatible avec le célèbre Namek, le résultat est finalement très… déconcertant ! Affublé d’un costume totalement nouveau digne des plus mauvais méchants de sentais et très certainement issu de la friperie du coin, ce Piccolo nouvelle version est à placer sans hésiter dans le panthéon des personnages de cinéma les plus ridicules.
Et que dire de maitre Roshi, alias Tortue Géniale dans nos contrées ? Interprété par un Chow Yun-Fat pathétique (c’est à se demander comment l’égérie de Tsui Hark, John Woo ou Ang Lee a pu se laisser à ce point rabaissé par le star-system Hollywoodien), le personnage censé offrir quelques pointes d’humour sombre à chacune de ses apparitions dans le ridicule le plus total…
Doté d’un scénario aussi épais qu’une feuille de papier toilette bon marché, il aurait fallu pour sauver ce film de la catastrophe un réalisateur et une équipe technique de très grande qualité… et ce n’est clairement pas le cas ! La rumeur persistante pendant un temps du trublion Stephen Chow (Shaolin Soccer, Crazy Kung-Fu, CJ-7)aux manettes de la réalisation avait offert une inespérée lueur d’espoir aux fans, mais ce dernier fit finalement simplement office de producteur. Derrière la caméra, on retrouve en fin de compte le Hong-Kongais James Wong qui nous avait déjà fait la démonstration de ses « talents » sur les déplorables The One (avec Jet Li à l’époque, lui aussi en perdition) et Destination Finale 3 , bref que du lourd ! Mais avec ce Dragon Ball Evolution, on peut dire qu’il en a gardé sous le coude pour nous époustoufler : ralentis foireux, combats chorégraphiés par des handicapés, humour à deux euros souvent totalement malvenu, direction d’acteur inexistante (enfin en même temps, les acteurs…), etc… Rajoutez à cela des décors en carton-pâte, des costumes issues des pires séries Z, une bande-son inexistante et surtout des effets spéciaux d’après guerre et vous obtenez la soi-disant « évolution » de l’univers de Dragon Ball. Récession aurait été un terme bien mieux adapté vu le résultat final, mais beaucoup moins vendeur il faut l’avouer…
Bref, que dire d’autre sinon que ce Dragon Ball Evolution tant attendue est au final un bon gros navet décomposé. N’hésitant à aucun moment à massacrer de la plus belle des façons un monstre sacré du manga (l’apparition dans la scène finale du film du singe géant et du dragon sacré finirons sans aucun doute d’achever les plus courageux…), ce film est un véritable chemin de croix d’une heure et demi à porter par tous les fans de l’œuvre d’Akira Toriyama. Ce dernier, s’il n’était pas encore en vie, se retournerait sûrement plusieurs fois dans sa tombe. Voilà donc sans nul doute l’un des pires films de l’année 2009, et surtout l’adaptation la plus honteuse de mangas à l’écran.
Comble de l’ironie, ce film est sortie en salle en France le 1e Avril…comme quoi, toutes les blagues ne sont pas forcément de bon goût…
Dragon Ball Evolution
De James Wong
Avec Justin Chatwin, Chow Yun-Fat, James Marsters, Emmy Rossum, Jamie Chung…
Durée : 1h19 min
Distribué par Twentieth Century Fox
Année de production : 2009
Sortie en salle le 01 Avril 2009
Cet article a été rédigé par Spike du Clan Takeda.