Kindle : Amazon efface vos achats dans votre dos
Imaginez une seconde que vous venez d’acheter un livre ou un DVD, que tout d’un coup d’éditeur se rend compte qu’en réalité, il n’a pas les droits de ce livre. Trouveriez vous normal que le commerçant qui vous a vendu l’objet rentre chez vous en douce, reprenne le livre et vous laisse le remboursement en guise d’excuse ?
Aussi absurde que cette histoire puisse paraître dans le monde matériel, c’est exactement ce qui s’est passé dans le monde numérique. Amazon s’est permis d’entrer par effraction dans le livre électronique Kindle pour y effacer des titres comme 1984 (Sic), Harry Potter, La Ferme des Animaux et des romans Ayn Rand. Pour parvenir à ses fins, le revendeur a utilisé une fonction caché du livre électronique Kindle et quelque chose me dit que les clients concernés ont moyennent dû apprécier de découvrir cette nouvelle fonction de leur machine.
Imaginez le désarroi de ceux qui avaient dû acheter un de ces livres dans un cadre scolaire et qui par conséquent avaient commencé à écrire des annotations qui ont disparu avec le bouquin.
Cette affaire va bien au-delà de l’anecdote.
Dans le monde matériel, nous avons déjà eu un cas de figure similaire avec l’affaire des DVD de Goldorak (voir l’article de G. Jacquet dans Metaluna N°3). Lorsque TOEI a gagné son procès, le juge n’a pu ordonner que la récupération des box de DVD encore en magasin. Les particuliers ont pu garder leur box en toute sérénité.
Dans le monde numérique, en récupérant par la force des livres légalement acquis, Amazon s’est tiré une balle dans le pied, et par ricochets, cette balle va blesser tous les revendeurs et les éditeurs de contenu numérique.
Avec Internet, les agissements irrévérencieux se savent vite et les clients ne vont pas tarder à réaliser que, comme pour la musique avec DRM, ils n’ont aucun contrôle ni aucune propriété réelle sur les objets qu’ils achètent légalement. Les mêmes erreurs que pour la musique dématerialisée se répètent avec le livre. Le piratage risque encore une fois d’apparaître pour les particuliers comme la seule méthode fiable pour avoir un minimum de contrôle sur ce que l’on met sur son disque dur.
Au lieu d’aller indélicatement effacer des fichiers sur les Kindle de ses clients, Amazon aurait dû leurs expliquer la situation et ensuite leur proposer un remboursement, comme il l’aurait fait dans le monde des marchandises physiques.
Ce peu de respect qu’Amazon a eu pour sa clientèle a eu le mérite de nous montrer qu’on ne sait jamais vraiment ce que l’on achète en informatique, que ce soit des fichiers immatériels ou des appareils de lecture comme le Kindle. Les fonctions cachées de ce livre électronique nous prouvent bien que ce genre de machines font allégeance à leur fabriquant et leurs distributeurs et non à leur propriétaire qui a pourtant fait l’effort de débourser une somme conséquente pour l’acquérir.
Cette mésaventure est de très mauvaise augure pour le développement de la vente d’objets culturels dématerialisés.