Critique de Tintin et le secret de la Licorne : une Adaptation à la sauce Bond
Que dire de l’attente autour de Tintin et le secret de la Licorne ? 30 ans que l’on attend ce film de Steven Spielberg pourtant « adoubé » par Hergé avant sa mort. Le défi était avant tout technique car comment rendre visuellement une bande-dessinée de type ligne claire ?
Steven Spielberg, accompagné de Peter Jackson, a finalement livré sa copie et rend un travail soigné mais la plus grande difficulté reste la comparaison avec l’œuvre originale.
Donner un avis Tintin et le secret de la Licorne est un exercice périlleux et difficile car le lien avec le reporter belge est affectif et donc subjectif.
Un bon film d’aventure
Si l’on regarde le film avec un œil de néophyte en mettant de côté toute référence à l’œuvre d’Hergé, Tintin et le secret de la Licorne est un bon film d’aventure, comme Steven Spielberg sait le faire.
Le rythme est soutenu, les effets visuels sont très forts est le réalisme de la motion capture (utilisée également pour Avatar) permet au réalisateur de donner au personnage un certaine crédibilité.
La motion capture consiste à enregistrer les mouvements corporels et faciaux des acteurs en train de jouer les séquences. Par la suite, les mouvements sont reproduits par des modèles 3D et intégrés dans des décors totalement construits par ordinateurs. Ainsi, malgré les noms prestigieux du générique, n’essayez pas de deviner qui joue quoi, c’est véritablement impossible. Cette technique à le mérite de bien fonctionner avec le style réaliste d’Hergé au point qu’il est difficile d’envisager une autre adaptation visuelle (le précédent film live « Tintin et le Mystère de la Toison d’or » fut un désastre).
Toujours grâce à cet outil, Steven Spielberg tente de nouveaux plans assez audacieux comme par exemple lorsque Tintin, le Capitaine Haddock et Milou perdus sur un bateau au milieu de la méditerranée devient une flaque d’eau dans laquelle Dupont et Dupond marchent. Les fondus enchaînés ont pris un sérieux coup de vieux et le résultat est vraiment étonnant. De même, la séquence où Haddock raconte les aventures de son aïeux en mimant ses actions est vraiment extraordinaire. Autant Avatar avait permis de voir que la technologie de la Motion Capture fonctionnait, autant Tintin permet de repousser les limites narratives (comme le plan séquence avec l’aigle à la fin du film) qui promettent des performances visuelles inédites.
Comme beaucoup de films américains, on pourra regretter les habituelles faiblesses du scénario avec un déluge de combats, d’explosions et une propension à tout détruire avec des rebondissements invraisemblables (comme par exemple, la manière dont Tintin trouve le nom du Karaboudjan). Cela rappelle d’autres films comme Indiana Jones qui justement avait été comparé à Tintin à l’époque de la sortie du film (c’est comme cela que Spielberg a découvert l’œuvre d’Hergé).
Tintin et le secret de la Licorne est donc un bon film d’aventures réalisé avec beaucoup de soins qui pourra faire rêver les spectateurs… qui ne connaissent pas trop l’univers de Tintin.
Une adaptation étonnante de l’œuvre d’Hergé
Le plus gros défaut du film est la comparaison avec les bandes-dessinées d’Hergé. Comme indiqué précédemment, le film se conclut avec des séquences « d’explosion à l’américaine » clairement mis dans le film pour parler au public américain avide d’action. Cela détonne avec les histoires de Tintin qui ne finissent jamais dans un déluge de fer, de feu et de combats, mais ce point est acceptable car il correspond à un final avec une forte tension.
Le mélange entre 3 bandes-dessinées, Le secret de la Licorne, Le trésor de Rakham le Rouge et Le crabe aux pinces d’or peut paraître sacrilège pour les « tintinophiles » avertis mais après réflexion, ce choix est finalement une bonne idée. En effet, une bande-dessinée aurait été trop courte pour faire un film d’1h30, utiliser une des histoires sur 2 tomes est donc une nécessité.
Quant à l’utilisation du Crabe aux pinces d’or, il aurait été dommage de ne pas voir la rencontre entre Tintin et Haddock, un des moments les plus croustillants de l’univers d’Hergé. Par conséquent, les scénaristes ont fait de bons choix pour créer un film intéressant.
(ce qui suit peut dévoiler l’intrigue, nous vous préviendrons quand nous arrêterons de raconter la fin)
Cependant, là où le bât blesse est la fin qui est un véritable contre-sens à l’album le Trésor de Rackham le Rouge. En effet, dans le film, Tintin et Haddock trouvent d’abord le trésor à Moulinsart avant de découvrir une carte aux trésors promesses de futures aventures en pleine mer. Dans la bande-dessinée, c’est l’inverse, Tintin part en mer pour chercher le trésor mais il ne trouve rien malgré des recherches poussées (avec le fameux sous-marin requin). Au retour, il comprend comment ils se sont fourvoyés et découvre le trésor au château de Moulinsart.
Bien que le scénario permette d’ouvrir le film sur une nouvelle histoire, inverser la découverte des trésors est une véritable déception et choquera les amoureux de la bande-dessinée car la conclusion du livre sort de l’ordinaire tandis que celle du film est plus classique.
(fin de la discussion sur la fin du film)
L’autre gros problème du film provient des personnages qui sont moins caricaturaux et charismatiques que dans les bandes-dessinées d’Hergé. Nous ne savons pas d’où vient ce manque de personnalisation : est-ce dû aux actions qui ne s’arrêtent jamais, à l’écart entre le film et les perceptions imaginées à la lecture de la bande-dessinée, au fait que les aventures s’enchaînent non stop empêchant les personnages de vivre par eux-mêmes, aux différences entre l’histoire des BD et celles du film ? Ce manque de charisme est le point qui risque de gêner le plus les tintinophiles.
Conclusion
Au final, Tintin et le secret de la Licorne reste un bon film et probablement la meilleure adaptation cinématographique qu’ait connu Tintin. On regrette qu’il manque un petit quelque chose de plus au personnage, mais il faut admettre que ce film aura peut-être le mérite de faire découvrir outre Atlantique ce mythique personnage qui reste largement inconnu là bas.
A noter, qu’il faut voir Tintin et le secret de la Licorne en VF car dans la VO les noms des personnages ont été changés ce qui risque de gêner pas mal de spectateurs (ainsi, Tintin est prononcé « Tinetine », dur, dur à suppoter pendant la durée de la projection).
Anecdotes : 30 ans de gestation
La sortie du film est assortie de l’histoire du film car sa naissance a été compliquée. En 1981, Steven Spielberg découvre Tintin car des critiques américaines avaient comparé son Indiana Jones et l’arche perdu aux aventures du reporter belge.
Melissa Mathison (qui écrira par le suite le scénario d’E.T. et sera la femme d’Harrison Ford) lui fera découvrir les bandes-dessinées de Tintin qu’elle connaissait car elle avait été baby sitter dans une famille française. Fasciné par le héros, Steven Spielberg contactera Hergé mais n’arrivera pas à le rencontrer car l’auteur de la bande-dessinée mourra quelques jours avant leur rendez-vous.
En 1984, soit 1 an plus tard, la veuve Hergé (fortement impliquée dans la défense des droits de son défunt mari) signe un contrat d’une cinquantaine de pages pour confier les droits d’adaptation à Spielberg. Le document avait déjà été validé dans les grandes lignes par l’ancien dessinateur mais pas encore signé.
Souvent obtenir les droits d’adaptation d’un héros célèbre est théoriquement le plus compliqué mais dans le cas présent, le plus dur reste à faire pour Spielberg car il ne sait pas comment rester fidèle à l’ambiance visuelle de la bande-dessinée. Pendant 18 ans, il va tâtonner pour trouver des solutions, montant même des séances de casting.
Le déclic viendra de Peter Jackson, également fan de Tintin, qui l’aidera à travailler sur l’adaptation. En effet, il a développé pour sa trilogie Le Seigneur des Anneaux de nouveaux outils numériques dont la motion capture. Il a en particulier créé Gollum de toute pièce à partir de l’enregistrement d’un vrai acteur, Andy Serkis, dont il a repris les mouvements pour donner vie au personnage 3D. Ce procédé est d’abord étudié pour donner vie à Milou mais l’ouragan Avatar va tout changer car le film est totalement réalisé en motion capture. Spielberg a enfin trouvé comment donner vie à son Tintin.
En parallèle à cette recherche technique, Spielberg et Jackson signent avec Paramount et Universal pour financer le film Tintin. En pleine crise financière, Universal va laisser la main à Sony Columbia car le succès du film n’est pas assuré : Tintin est probablement le personnage de bande-dessinée le plus connu en Europe, mais son aura à l’international est moindre.
Les deux réalisateur lancent alors la machine à communication, leur fait d’arme étant leur venue au festival d’Angoulême en 2009 en Dupont / Dupond. Le buzz est immense. Ils organiseront également une projection à Cannes et parleront au film au Comic-Con aux Etats-Unis.
Alors que la sortie américaine est prévue pour Noël, Tintin et le secret de La Licorne sort en Europe deux mois avant afin de tester le film auprès d’un public qui connaît déjà le héros.
L’histoire des films Tintin ne s’arrête pas là pour les deux compères car Tintin et le secret de la Licorne est le premier volet d’une trilogie dont le deuxième volet, basé sur les 7 boules de cristal, sera réalisé par Peter Jackson. Le scénario a déjà été écrit par Anthony Horowitz. Cependant, le tournage commencera plus tard, quand les films du Hobbits seront bouclés. Quant au troisième, la production est encore incertaine et dépendra du succès des deux premiers films. L’espace serait le nouvel objectif de Tintin avec les adaptations d’Objectif Lune et On a marché sur la Lune.
Anecdotes : les points de divergence avec les bandes-dessinées
Ce film a beaucoup de différences avec l’œuvre d’Hergé. Pour commencer, comme nous l’avons déjà souligné, ce film est une adaptation de 3 tomes des aventures de Tintin : Le secret de la Licorne, Le trésor de Rackham le Rouge et Le crabe aux pinces d’or.
De plus, les 20 dernières minutes du film diffèrent énormément par rapport aux histoires et les scénaristes se sont éloignés des histoires d’Hergé, mais jusque là, l’histoire est relativement fidèle.
Notons cependant quelques différences :
- Le bureau de Tintin ressemble à un portrait de chasses de ses précédentes aventures (les articles sont probablement des références à ses autres aventures pour rappeler aux spectateurs qu’on ne les a pas oubliés)
- L’enquête du crabe aux pinces d’or qui est purement absente du film (mais le spectateur pourra y voir des références dans la péripétie au Maroc)
- Le départ du Karaboujdan de Tintin, Capitaine Haddock et Milou (Haddock qui dévoile la venue de Tintin et la ruse du lit )
- Les péripéties dans le désert avec les visions du Capitaine Haddock dans le désert et l’avion dans la tempête
- La recherche du trésor de la Licorne en mer
- La disparition du Karaboudjan qui arrive au bon port dans le film.
Très bon film. Adaptation originale et très agréable. De bonnes actions. Beaucoup de suspense. Drôle. C’était trop bien!
il est pourri le film de spielberg je suis un grand tintinophile et le film n’a absolument rien à voir avec l’album la fin est totalement gâchée car avant de récupérer le trésor à moulinsart ils vont le chercher sur une île et ça bastonne sans arrêt l’humour que savait si bien interpréter Hergé cet humour est inexistante dans le film et les personnages comme Tournesol si important dans le trésor de Rackam le Rouge où est il? Franchement ce film est beau certes mais avec un scénario totalement différent de celui d’Hergé donc c’est pourri!